Entre savoir, politiques sociales, expertise et talent, quelle articulation, quels outils ?
Pistes à partir d’expériences s’appuyant sur l’approche centrée sur le développement du pouvoir d’agir
Année : 2013
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
HEES Cécile (Belgique) – hees.cecile@gmail.com
TOUSSAINT Sylvie (Belgique) – s.toussaint@isfsc.be
Résumé :
Il nous arrive d’observer quelques écueils dans la manière dont certains concepts travaillés dans le cursus de formation des assistants sociaux sont traduits dans le travail social par les étudiants fraîchement sortis de leurs études.
Ceci du fait que certaines notions ne se déclinent pas de la même manière dans un contexte politique centré sur une philosophie d’Etat social actif - d’autant plus en situation de crise économique- que dans celui de l’Etat social donnant la primauté à la raison instrumentale. Si cette dernière « n’est pas à rejeter en tant que telle » (C. Dierckx), elle risque de conduire à l’instrumentalisme ou l’action désengagée lorsqu’elle est dissociée d’horizons moraux ou de sens (C. Taylor).
Aujourd’hui, derrière des termes comme l’autonomie ou la distance émotionnelle par exemple, la tentation est parfois grande de leur donner la couleur des politiques sociales, à savoir l’activation et le contrôle comme mot d’ordre.
Dans ce cas, la distance émotionnelle permet plus aux étudiants en stage de « tenir le coup » face à des pratiques d’exclusions parfois violentes de citoyens en fin de droits plutôt qu’à rendre possible l’intervention en tant qu’acteur social. Le risque est alors de passer de l’indignation – moteur important du changement social – à la résignation ou au sentiment d’impuissance.
Cela nous amène à réfléchir aux implications des savoirs non suffisamment contextualisés d’un point de vue politique et des risques de contre sens ou de dérive déontologique que cela peut induire chez les étudiants.
Il nous semble que la posture proposée par Yann Le Bossé, dans son approche centrée sur le Développement du Pouvoir d’Agir des personnes et des collectivités (DPA), peut être une sorte de garde-fou face à ces dérives.
La particularité du positionnement proposé par le DPA réside dans le fait qu’il ne constitue pas un prescrit, n’exige pas d’acte technique précis, mais repose sur des fondamentaux dont découlent certains savoir-faire ou savoir-être oscillant entre le talent et l’expertise. Ces derniers touchent à la considération envers les personnes accompagnées, au regard et à l’intérêt ressenti et exprimé par l’intervenant- à l’égard de ces mêmes personnes. Cette posture relève d’une option, d’un choix de départ du professionnel, une forme d’a priori qui orientera tout son accompagnement.
Y. Le Bossé propose quatre grands points de repères permettant d’adopter une posture professionnelle destinée à aider les personnes (individus et collectivités) à sortir de l’impuissance dans des situations où interagissent facteurs individuels et structures sociales.
Ces points de repères sont :
-adopter une unité d’analyse : « acteurs en contexte » qui consiste à prendre simultanément en compte les conditions structurelles et individuelles problème ;
- négocier la définition du problème et/ou du changement visé et de ses modalités avec les personnes concernées (l’intervenant n’est pas l’expert) : prendre systématiquement et explicitement en considération la manière dont les personnes définissent ce qui leur pose problème.
-Prendre en compte des contextes d’application (ajustement de l’intervention) : vérifier la viabilité de l’application concrète de la solution. Cet axe prend le contre-pied d’une tentative de standardisation des pratiques.
-Développer une démarche d’action conscientisante.
Dans le cadre d’un cours distribué en 2ème année, nous avons expérimenté un dispositif destiné à travailler essentiellement le deuxième axe avec les étudiants.
L’objectif du cours était d’initier les étudiants à cette posture en leur permettant de s’y exercer de façon régulière et systématique.
A partir de cette expérience et d’autres menées à l’école autour du DPA, nous voudrions montrer en quoi l’approche centrée sur le DPA, en insistant sur l’importance de l’expérientiel dans la formation, permet d’outiller les étudiants à faire face aux injonctions contradictoires rencontrées sur de nombreux lieux de terrain.
Mots clés :
Savoirs, Formation, Politique sociale, Développement du pouvoir d'agir
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