Le caractère situationnelle et contextuel de la construction du problème social

Année : 2013

Thème : Réflexion sur la pratique professionnelle des travailleurs sociaux dans les équipes de protection des enfants en danger

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

MARGARIDA Silva (Portugal) – mc_santossilva@netcabo.pt

Résumé :

L'intervention sociale dans le domaine de la protection sociale des enfants et des jeunes en danger peut paraître, après un examen en dehors des contextes de la pratique, un domaine parfaitement consensuel. Le consensus moral associé au bien-être et à «l'intérêt supérieur de l'enfant», défini et structuré par des règles juridiques, ne semble pas offrir beaucoup de place au doute ou la tension sur la décision professionnelle au moment de décider ce qui distingue ou non une situation dangereuse, ainsi comme au moment d’opter pour la meilleure solution pour sauvegarder et protéger l’enfant. Au Portugal, la législation sur la protection des enfants et des jeunes, non seulement définit et catégorise les situations dangereuses, comme oriente sur les mesures à appliquer. La grande question qui se pose dans ce domaine c'est que les réglementations de la pratique sont conçues à partir de cas standard et se construisent a partir de généralisations et abstractions du problème social. Cependant, le caractère situationnelle et contextuelle où se déroule l’action imprègne ces généralisations et typifications de complexité, d’incertitude et d’imprévisibilité.
Il semble qu’il est tout aussi important de réfléchir sur problème social en soi-même, comme d'analyser et de tenir compte des pratiques professionnelles qui permettent de (re)définir et de (re)conceptualiser, c'est à dire, de décrire et de comprendre ce qui est en jeu (pratiques et actes) et qui est en jeu (acteurs - organisations, professionnels, enfants, familles) au moment de décider. La (re)conceptualisation du problème social peut et doit être analysé du point de vue de ceux qui sont chargés de protéger l'enfant en danger.
Ainsi nous proposons, basée sur le concept de «culture professionnelle» et sur une méthodologie que nous appelons «ethnographies professionnels», de réfléchir sur le travail social dans ce domaine, parce que nous estimons que dans le processus de la prise de décision, les règlementations juridiques et le consensus conceptuel autour de ses typifications, se révèlent comme vagues et portés sur différentes interprétations, faisant appel à une réflexivité importante du professionnel. Au moment de la décision, il est possible de faire des rapprochements entre les normes et les règlementations, et les connaissances acquises plus ou moins réfléchi sur le problème; mais aussi entre les processus identitaires (trajectoires personnelles et professionnelles) et les pratiques plus ou moins bien établies et consensualistes, plus ou moins «typique» de ce domaine d’intervention sociale.
Comprendre le problème social consiste à comprendre les actes professionnels qui constituent et contribuent à sa solution. Investir dans l'analyse et la compréhension de la pratique elle-même, comprendre les caractéristiques de la complexité et de l'incertitude dans la prise de décision, peut aider a:
- Démystifier les représentations sociales et scientifiques sur les interventions et les intervenants dans le domaine de l'enfance en danger;
- Comprendre de quelle façon sont typifiés les situations problèmes et comment est faite l’utilisation des normes ainsi que les variables en jeu dans ce processus (culture professionnelle);
- Identifier les zones de contrainte et de l'autonomie professionnelle…
L'objectif est de comprendre la construction sociale du problème a partir des pratiques qui le configurent, et qui sont souvent «invisibles» (implicite), tout autant négociées par les réglementations, comme par l'incertitude, la complexité et l'imprévisibilité des situations.
Une tâche de cette nature oblige à prendre des options méthodologiques qui vont promouvoir la réflexivité des acteurs. Ainsi, nous insistons sur les «ethnographies professionnels» qui nous permettent de couvrir les nombreuses faces du travail professionnel et qui favorisent l'objectivation et la réflexivité des implicites et des «pratiques invisibles."

Mots clés :

Culture professionnelle, Savoirs, Savoir-faire, Ethnographies Professionnelles

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