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evaluation d'une action de formation et enquête de satisfaction

Année : 2013

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

MONNIER Claire (France) – monnier.claire@ireis.org

Résumé :



L'évaluation d'une « action de formation » peut-elle être assimilée à une "enquête de satisfaction"?
L'évaluation formative tend à se généraliser sur le mode d'une « enquête de satisfaction », mais n'y a-t-il pas un antagonisme structurel dans cette tendance?
Le processus évaluatif en éducation et/ou formation est déjà, « en soi » un paradoxe comme le rappelle O. Reboul (philosophe de l'éducation) . En effet, le formateur pense l'évaluation de son action de formation, mais que peut-il en attendre lorsqu'il sait que l'essentiel de son action prendra des chemins inattendus, ceux de la personne formée, qui peuvent être bien éloignés de ce qu'il avait prévu ? Comment peut-il évaluer les effets de son action quand ces effets se produisent dans une temporalité qui est celle de de l'apprenant? Et la mesure qui évalue la qualité de l'action de formation peut-elle être raisonnablement la « satisfaction » de l'apprenant ?
Nous faisons l'hypothèse que l'évaluation d'une action de formation sur le mode d'une « enquête de satisfaction » s'impose d'un champ étranger à celui de l'éducation et de la formation. En effet, depuis la Loi 2002, les démarches qualités mises en œuvre dans les établissements socio-éducatifs sont supposées recueillir la parole des personnes sous la forme d'une « évaluation de la satisfaction des usagers ». Généralement la démarche veut s'inscrire dans une éthique qui place l'usager au cœur de sa « prise en charge ». Or, l'expression de la personne accompagnée ne se réduit pas à son seul sentiment de satisfaction . Dans « l'évaluation de la satisfaction dans le secteur social et medico-social », Sylvie Faugeras prend le verbe« satisfaire » au sens étymologique : « du latin satis : assez, et facere : faire ; c'est-à-dire « en faire assez pour ». Or, certaines personnes accompagnées n'auront jamais le sentiment qu'on en fait assez pour elle... Par ailleurs, toute une part de l'éducation n'est-elle pas d'apprendre à gérer la frustration, la contrariété, l'insatisfaction ? Aussi, l'évaluation par la satisfaction des « usagers » est-elle appropriée au champ de l'éducation, d'une part et de la formation pour ce qui nous intéresse ici ?
Pour esquisser des réponses à ces questions, nous reviendrons sur les processus historiques qui ont amené la question de l'évaluation sur le mode « enquête de satisfaction » dans le champ médico-social. Parallèlement, nous esquisserons un bref historique de l'évolution des processus d'évaluation dans le champ de la formation.
Dans un deuxième temps, il s'agira de définir ce qui constitue un processus de formation, à partir de l'inconfort d'une situation d'apprentissage : apprendre suppose de déconstruire-reconstruire des savoirs, réorganiser des connaissances internes. Apprendre ne se constitue pas seulement dans un rapport objectivé au savoir mais dans une relation pédagogique qui met en jeu des processus transférentiels entre le formateur et la personne formée. A partir de là, nous montrerons que penser la valeur d' une action de formation au prisme du sentiment de satisfaction des personnes formées est susceptible de générer des antagonismes avec les processus mis en œuvre dans la situation d'apprentissage.
Enfin, et en lien avec l'éthique des démarches qualité du champ médico-social qui donne une place centrale à la parole des usagers, nous avancerons l'hypothèse que la parole des apprenants puisse être "l'étalon" de ce qui constitue la qualité d'une action de formation : Comment une action de formation intègre les savoirs, les expériences et l'expression des personnes dans son dispositif ? Comment la qualité d'une action de formation pourrait s'évaluer à partir de la prise en compte par le dispositif de formation, des savoirs déjà acquis, travaillés et transformés par les apprenants et à travers la prise en compte d'une démarche de co-construction de nouveaux savoirs ?

Mots clés :

Formation, Evaluation, Secteur socio-éducatif, pédagogie

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