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Permettre l'apprentissage dans une situation de rupture: l'exemple du Mali

Année : 2012

Thème : Présentation et analyse d'expérience

Type : Présentation et analyse d'expérience

Auteur(s) :

POUTEAU Dany (France) – dany.pouteau@irts-bretagne.fr
LALOY David (Belgique) – davidlaloy@hotmail.com

Résumé :

Permettre l’apprentissage dans une situation de rupture : l’exemple du Mali

Depuis 2008, l’IRTS Bretagne développe un programme de partenariat avec le Mali, visant à construire un parcours de mobilité à destination, chaque année, de 25 étudiants assistants de service social et éducateurs spécialisés.
Cette expérience soulève de nombreux commentaires et questions chez nos collègues et partenaires comme chez les étudiants eux mêmes.
Que vont faire et apprendre les étudiants en travail social dans un pays d’Afrique ?
Ils s’éloignent, en effet, du cadre légal et réglementaire habituel, des cultures professionnelles, des pratiques connues.

Nous avons donc été amenées à gérer ce paradoxe : alors que l’alternance est pensée dans la continuité et la proximité entre terrain et institut, en quoi les stages à l’étranger peuvent-ils participer de l’apprentissage ?

La réflexion sur la formation des adultes a profité aux formations sociales qui laissent plus de place à l’expérimentation. L’évolution du cadre a, à la fois, marqué et suivi cette évolution avec des termes comme : site qualifiant, référent professionnel…
Les centres de formation ont développé des partenariats locaux pour une alternance intégrative. La cohérence entre centre de formation et terrain est anticipée, organisée et outillée, l’interaction est mise en oeuvre.
Les étudiants sont « contenus » dans un cadre formalisé de compétences à acquérir selon une progression balisée dans le temps et l’espace.
Mais quelle place pour la déstabilisation, la surprise ?
Les risques d’une trop grande proximité des institutions qui participent de la formation des futurs travailleurs sociaux ne sont pas à négliger. Les stagiaires peuvent-ils construire une réflexion et un parcours singulier dans ce contexte ? Comment éviter la modélisation et préserver des capacités de différenciation et d’innovation ?

Voilà les questions qui se posent à nous et auxquelles les stages à l’étranger nous ont permis d’amorcer un début de réponse, valable pour l’ensemble des étudiants, partants ou non.

Le stage à l’étranger ne se réduit pas à partir vers un ailleurs. Il nécessite de réaliser des apprentissages dans un milieu où les repères habituels font défaut. Quelles compétences acquérir, comment les identifier, les transposer ? Ces questions s’imposent avec force. L’expérience nécessite imagination, ouverture, adaptation et rigueur. La préparation au départ, l’accompagnement durant le stage et le retour, sont des temps de formation où les expérimentations sont accompagnées et analysées. Dans ces conditions seulement, la rupture favorise les apprentissages individuels et collectifs.

Pour cela, les formateurs doivent accompagner les étudiants et développer la réciprocité avec les partenaires « formateurs sur site ». Cela nécessite une connaissance alimentée par des allers-retours entre les deux pays pour développer le travail en réseau. Voir les complémentarités entre terrains français et maliens (approche communautaire et/ou individuelle par exemple) et repérer les possibles (habiletés, capacités et compétences) suppose de travailler les représentations de chacun. Désormais, pour nos étudiants, l’Institut National de Travail Social de Bamako est lieu de formation de référence, permet une approche du contexte socioculturel, une réflexion sur la place du stagiaire et une possibilité de médiation avec les terrains de stage.

Cette expérience, en questionnant les professionnels et les étudiants sur ce qu’est le travail social est pour nous un outil de réflexion et d’évolution des formations dans leur ensemble. L’alternance intégrative est questionnée car « le caractère formateur de l’alternance proviendrait de la confrontation à la diversité des situations et des acteurs, de l’écart entre les contextes d’apprentissage»1.

1 FERNANDU-OUDET S., 2007, Editorial, Education permanente, N°172, p 12.

Mots clés :

Apprentissage en alternance, Partenariat, Interculturel, Accompagnement Rupture

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