Mobilité hexagonale et internationale en contexte insulaire

Année : 2012

Thème : Le cas des étudiants de l’IRTS de l’île de la Réunion

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

GALLINARO Danièle (France) – daniele.gallinaro@irtsreunion.fr

Résumé :

Les mobilités spécifiques « hors de l’île » sont des pratiques mises en place à La Réunion dès les premières formations réalisées dans l’île dans les années 70. Elles ont toujours eu un caractère « obligatoire ».
Si « l’ouverture », mais aussi « le lien » avec la métropole sont ainsi consacrés par ce stage, ces mobilités s’inscrivent également dans le contexte particulier des politiques locales d’emploi et de formation « par la mobilité » qui ont existé sous différentes formes depuis les années 70 dans les DOM et dans tous les secteurs d’activité économiques.

Le stage « hors de l’île » a été, également, pour une minorité d’étudiants, l’occasion d’aller à l’étranger, dans les pays voisins de l’Océan Indien, ou vers de plus lointains horizons. En effet, « le stage à l’étranger » a toujours été une variante du « stage en métropole » encouragé par les équipes de formation. L’IRTS a noué au fil des années des partenariats fidélisés à l’étranger et les collectivités de l’île accompagnent largement ces projets. Elles se sont dotées d’instruments d’incitation et d’accompagnement aujourd’hui reconnus, même si par le passé, des expériences (telles le « BUMIDOM ») ont eu un impact négatif.
Par ailleurs, les départs s’inscrivent progressivement dans les mobilités devenues plus « cotées », tels les « Erasmus ».
Enfin, les Réunionnais, métissés de par l’histoire de l’île, pratiquent déjà au quotidien l’inter culturalité. C’est d’ailleurs un savoir-vivre aujourd’hui reconnu internationalement qui peut être un atout face à l’inévitable « choc culturel » provoqué par tout stage à l’étranger.

Pourtant, dans ce contexte favorable et malgré ces incitations variées, le nombre d’étudiants en travail social partant sur des mobilités internationales à partir de La Réunion est très faible, la grande majorité partant sur des mobilités « métropole ». Ceci est vrai tant pour les mobilités dans les pays voisins de l’Océan Indien (notamment Ile Maurice, Madagascar,..) que vers les pays européens. Il nous a paru intéressant d’interroger et d’éclairer ce constat, au delà des freins linguistiques classiquement invoqués et même si ceux-ci sont bien réels.

Plusieurs études mettent en exergue que la mobilité est plus souvent considérée comme une épreuve que comme une opportunité.

Notre hypothèse est que les freins à la mobilité internationale en contexte insulaire, et notamment dans un DOM tel que La Réunion, recouvrent une réalité complexe à plusieurs étages : celle du rapport à l’île, et à ce qu’elle représente comme élément protecteur, voire « nourricier » ; celle du rapport à « la métropole », premier « sas plus facile » de voyage, du fait des liens familiaux et des similitudes administratives, celle d’une identité « européenne » plus lointaine ; celle d’un rapport paradoxal aux îles voisines, proches géographiquement, mais si différentes par leurs situations socioéconomiques ; celle, enfin, de la précarité économique des étudiants, excluant toute dépense minime supplémentaire.
Bref, nous postulons qu’au delà de la distance géographique, les « distances » culturelles, psychosociologiques sous-jacentes aux rapports à l’Autre constituent la toile de fond des politiques institutionnelles et des pratiques des étudiants en matière de mobilité.

C’est dans cette optique que nous conduisons une enquête auprès de nos étudiants en formation en travail social.
Le choix méthodologique est de relever des éléments quantitatifs en interrogeant de façon exhaustive les promotions devant partir en mobilité. Il est également de qualifier les freins et les désirs de mobilité à l’international par la conduite de quelques entretiens en petit groupe, assortis de quelques portraits de parcours les plus illustratifs.

Ce sont les éléments de cette enquête et leur analyse que nous présenterons.

Mots clés :

Formation, Interculturel, Intervention sociale et travail social, insularité, international, mobilité

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