Les enjeux posés dans un contexte de transformation des pratiques. Quels défis pour la profession et les acteurs du social ?

Année : 2012

Thème : Présentation et analyse d'expérience

Type : Présentation et analyse d'expérience

Auteur(s) :

GRENIER Josée (Canada) – josee.grenier@uqo.ca

Résumé :

Depuis les années 1980, à l'instar des pays de l'OCDE, le Québec a amorcé un virage néolibéral en ce qui concerne la rationalisation de son administration (Piron, 2003). Les politiques inspirés du néolibéralisme dans les pays occidentaux – et ses impératifs économiques – ont transformé l’État-providence vers un État néolibéral marqué de « déréglementation des marchés, de privatisation des services publics, de partenariats publics-privés, de libre-échange planétaire ... porteuse de graves problèmes sociaux et économiques » (Allaire et Firsirotu, 2011). Ce changement étatique constitue un virage idéologique marqué par une logique économique où tout consiste à vouloir ramener à des déterminants économiques. Cette mouvance de l'État et de ses orientations, s’inscrivent davantage au service du marché, à une logique marchande, une logique économique, plutôt qu’à la protection sociale des individus. D'ailleurs, on assiste depuis un moment aux « prescriptions néolibérales d'austérité dans les finances publiques, de coupes dans les programmes de soutien aux défavorisés... ». On assiste à une "rationalisation des métiers du social" où l'on donne priorité à des valeurs d’efficience, d’efficacité, d’atteinte de résultats, d’imputabilité et de performance des acteurs (Bernier et Angers, 2010; de Gaulejac, 2005) . En ce sens, De Gaulejac (2010 : 97) fait mention de préoccupations utilitaristes dans le but d’« améliorer la productivité».

À partir d’observation terrain de différents milieux de pratique en travail social, on remarque combien il est difficile parfois de concilier certaines logiques – logiques économiques et logiques du travail social. Les accompagnants – les professionnels et les étudiants en travail social – se retrouvent dans des situations de doubles contraintes entre la protection de la personne aidée et l’application des orientations qui s’expriment par une technocratisation, une bureaucratisation et une standardisation de la pratique. L’intervenante doit répondre à des impératifs organisationnels qui parfois vont à l’encontre des valeurs professionnelles qui donnent sens au travail et le « sens du travail est ici mis en souffrance » (De Gaulejac, 2005 : 237). L’ensemble des contextes génère un sentiment de surcharge, un état de stress, une souffrance chez les professionnelles (Amadio, 2009), une « souffrance éthique ».
En ce sens, l’exercice du travail social s’inscrit dans un contexte de plus en plus complexe, en présence de nouveaux enjeux auxquels sont conviés différents partenaires – milieux de pratique, superviseurs de stage, étudiantes et Universités – à réagir et se concerter pour répondre aux nouveaux défis de la pratique.

Notre communication propose de réfléchir à ces enjeux sous deux axes principaux :
1- discuter des tensions émanant du schisme entre les différentes logiques issus des univers qui se juxtaposent et ses impacts sur la profession du travail social et qui constituent des enjeux communs internationaux ;
2-démontrer, dans cette « entreprise » de transformation idéologique et d’action l’apport de d’une pratique réflexive, une pratique de sens et la nécessité de recourir à des pratiques solidaires en milieu de pratique et à l’université – la délibération éthique, le support mutuel/le co-développement. Ces alternatives constituent des voix pour faire face aux défis d’une pratique complexe en transformation.

Mots clés :

Complexité, Solidarité, Formation

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