HIRLET Philippe (France) – philhirlet@orange.fr

Le premier temps de cette communication consiste à expliquer qu’il est désormais impératif de faire évoluer de façon significative les formations sociales dispensées au sein des instituts de formation en France, particulièrement, en ce qui concerne la formation des cadres de l’action sociale (je m’appuierai ici, sur deux recherches produites en Lorraine qui ont été publiées ayant eu comme objet : l’analyse des besoins en formation et des compétences des cadres et directeurs d’établissements sociaux et sanitaires, ainsi que sur mon expérience de responsable du caferuis).
Dans le second temps, je tenterai, quelques hypothèses articulées autour de la question suivante : quel sera le positionnement des centres de formation aux professions sociales relatif aux questions d’importance comme : la recherche, l’alternance, les partenariats avec l’université, les Hautes Ecoles Professionnelles en Action Sociale et de Santé (HEPASS) ?
Le troisième temps sera, quant à lui, articulé autour d’une analyse permettant d’expliciter que les instituts, eux aussi, sont pris dans des stratégies pédagogiques qui fondent une conception différente à l’égard des enjeux politiques et de modernisation de l’appareil de formation à l’échelle nationale et/ou européenne.

1. Enjeux et évolution des formations sociales à l’encadrement

En surplomb, la gouvernance européenne en matière de formations tente d’harmoniser les enseignements post-baccalauréat à travers la mise en place des crédits (ECTS). Toutefois, il faudra veiller à articuler le temps de formation dans son intégralité, en effet, c’est l’ensemble du temps d’apprentissage (face à face pédagogique et temps de travail personnel) qui devra être valorisé et reconnu. Les formations supérieures du travail social doivent désormais être pensées avec des passerelles et des troncs communs d'enseignements.
Les formations de cadres (de proximité et dirigeants) doivent être construites en concomitance de façon à permettre une double validation et la délivrance de titres reconnus à la fois par le ministère de l’enseignement supérieur et celui de la cohésion sociale.

2. Quel avenir pour les instituts de formation aux professions sociales ?

Un des atouts incontestables des formations sociales est qu’il permet aux titulaires de ces certifications, d’accéder à un emploi (plus ou moins rapidement) dans le secteur social ; ce n’est évidemment pas toujours le cas des formations dispensées par l’université. C’est un avantage qu’il nous faudra conserver et c’est aussi, fort de cet atout, que les centres de formation au travail social devront aborder les négociations et concrétiser les partenariats avec les universités. L'alternance doit être une modalité qu'il faut continuer à exploiter, car elle elle permet la reconnaissance des qualifications et des certifications du champ social.

3. Stratégies de formation des organismes à l'égard des cadres

On peut en effet distinguer trois tendances majeures qui peuvent caractériser tel ou tel organisme de formation (Bertaux, Hirlet 2006):
- centration sur des apprentissages techniques et procéduraux, que l’on peut appeler ""le pratico-pratique"",
- développement, outre ces apprentissages techniques et procéduraux, d’apprentissages théoriques (basées essentiellement sur les sciences sociales) et de références appuyées à une doctrine de management,
- recherche d'une posture de cadre distanciée, critique, en même temps qu'innovante.

Dès lors, certaines tendances sont probablement à l’œuvre du côté des centres de formation du point de vue des orientations stratégiques - lesquelles peuvent avoir un impact sur la façon dont ceux-ci vont penser les processus et les dispositifs pédagogiques et vont aborder la question du développement de la recherche : appliquée/action, études, expertise - et des positionnements sur la professionnalisation de l’ensemble des intervenants sociaux.

Formation, Modernisation, Professionnalisation