Travailleur social, territoire et développement durable :

Année : 2010

Thème : pour une approche complexe, sensible et intelligible.

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

BENDER Gabriel (Suisse) – gabriel.bender@hevs.ch
MORONI Isabelle (Suisse) – isabelle.moroni@hevs.ch

Résumé :

Les désordres écologiques économiques et sociaux à propos de l'appropriation et de la distribution des ressources ont toujours des répercussions locales. Le film Cleveland contre Wall Sreet de Jean-Stéphane Bron en est une brillante illustration. La spéculation financière a forcé les autorités locales à réagir : parce que la vérité est dans la rue, pas dans les statistiques. Même les journaux économiques on finit par le reconnaître : "Lorsqu’on baigne dans le monde économique, les saisies de logements aux États-Unis se résument trop souvent à des statistiques: «Cinq millions de foyers ont perdu leur maison et cinq autres millions de saisies sont prévues.» Certes, on peut s’attarder à réfléchir aux implications: à 4,5 personnes par foyer, cela fait 45 millions d’Américains dans la misère noire. Mais l’économiste lambda se contentera d’en calculer l’impact sur le PIB, les taux, les cours boursiers." (Myret Zaki, Bilan, août 2010) Tandis que les acteurs locaux ont l'obligation d'imaginer des stratégie.

Une enquête réalisée à Lausanne en 2005 a montré que les professionnels sont relativement désarmés pour analyser, décrire et mettre en perspective les conditions du quartier avec celle du reste du monde. Ce qui limite leur capacité à proposer des projets en harmonie avec les conditions du lieu. Ceci nous a convaincu de proposer, dans le cadre d’une convention entre les écoles de travail social de Suisse romande, un module de formation à option de 22 jours sur le travail social et le développement local durable.

La formation a rencontré un succès certain : elle en est à sa 7e édition. Peu à peu, une méthodologie en deux temps s’est élaborée. Pour le diagnostic, elle combine une approche multifocale du territoire et une analyse stratégique en fonction de l’environnement externe. Ceci demande aux étudiants de bien distinguer les forces et faiblesse du quartier ou de la commune, sur lesquelles ils peuvent agir dans le cadre de leur mission, des opportunités et menaces qui les dépassent. La seconde partie est orientée action : il s’agit cette fois-ci d’imaginer une parade dans la combinaison de la méthodologie participative et des critères éthiques du développement durable. Autrement dit, le territoire est approché dans diverses dimensions, ce qui exige de passer sans cesse du sensible à l'intelligible pour construire une action en relation avec l'esprit du lieu.

Les étudiants conviennent qu’on exige d’eux une double révolution copernicienne. D’une part, l’unité d’action n’est plus l’individu ou le groupe mais le territoire dans ses dimensions spatiales, historiques et symboliques. Il ne s’agit pas, d’autre part, de fonder une action sur la correction de faiblesses repérées mais, au contraire, d’agir dans l’objectif de renforcer des atouts et ceci dans la compréhension éthique de ce qu’est un opportunisme écologique. Maximiser les changements positifs en minimisant la consommation de ressources. Pour atteindre ces objectifs, la formation recourt à l’expertise de professionnels issus de divers domaines : biologie, architecture, géographie, urbanisme, ingénierie, etc. Elle est fortement teintée par le parcours et la formation de son responsable à la fois travailleur social, sociologue et spécialiste en micro histoire.

La formation a été jugé suffisamment pertinente pour qu’un prolongement ait été proposé à partir de cette année dans le cadre du Master en Travail social de la Haute école de la suisse Occidentale.

La communication insiste sur l’idée que chaque territoire local est un espace de vie unique. Il est intelligible et sensible à condition qu’on accepte de multiplier les points de vue et les focales. C’est parce que chaque lieu est unique que chaque action de travail social doit s’enraciner dans son territoire, dans l’idée développée par Charles-Ferdinand Ramuz que plus les racines sont profondes plus vagabondes seront les branches ce qui nous éloigne définitivement tant du village global que de l’esprit de clocher.

Mots clés :

Développement local, Durabilité sociale, Formation, analyse stratégique approche multifocale

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