LAINE Pascal (France) – pssssss@free.fr

La perspective théorique de cette communication est liée à l'économie solidaire et la sociologie du don. Mon travail de recherche s'appuie sur le croisement du tiers-paradigme du don (A. Caillé) avec le paradigme esthétique de Félix Guattari. Les pratiques artistiques fonctionnant comme un tiers symbolique et politique permettant l'expression des subjectivités et des émotions, l'esthétique fonctionne donc comme un tiers-paradigme, un tiers paradigme esthétique. La reprise de ces émotions dans des temps formalisés de production et de recherche avec les usagers et professionnels permettent de développer la participation dans l'action et ensuite la recherche lorsque son objectif est posé comme tel. C'est cette potentialité que j'ai tenté de rendre lisible par de l'observation participante d'ateliers, des entretiens individuels et collectifs et par l'analyse de différents projets artistiques en milieu hospitalier.

Cette approche est en étroite relation avec les principes de participation, d'inter-médiationn et d'empowerment qui semblent être des approches préconiséess dans de nombreuses politiques publiques de cohésion sociale. Si nous prenons au sérieux cette approche tiers-paradigmatique qu'est le don, alors la participation devient un pléonasme puisque toute relation passe par le don et tout don est en soi une relation. Le problème est essentiellement d'oser le considérer, d'en faire un pari pour le déroulement de la recherche. Oser la pratique artistique en milieu hospitalier est en soi un pari sur la participation, un engagement dans une relation professionnels/usagers ou le déterminisme se relativise et ou la parole retrouve une circulation. C'est cette circulation, cet esprit de la chose donnée qui se matérialise en participation, et même en demande de participation par la suite.

Finalement, notre thèse centrale tente de montrer que le développement du dispositif "Culture à l'hôpital", de l'esthétique en milieu hospitalier, des pratiques artistique comme mode d'intervention sanitaire et sociale sont en fait une manière détournée de réintroduire du don dans l'institution et par la même occasion, de la participation par de l'inter-médiationn et, finalement, de l'empowerment qui ne soit pas seulement une capacité d'action individuelle, mais collective et instituée, permettant le retour du travail social dans sa fonction initiale qu'est sa fonction instituante. Les tiers-paradigmes du don et de l'esthétique peuvent donc être considérés comme des ouvertures essentielles à toute recherche dont l'ambition « épistéméthodologique » est la participation et le croisement des savoirs et des pouvoirs.

Pour finir, en revenant sur les principes de l'économie solidaire qui guident nos actions et notre réflexivité depuis une vingtaine d'année, sur son histoire socio-politique récente, il est possible de dire qu'elle a largement contribué au renouvellement de certains aspects essentiels du travail social. Pour autant, l'action sociale n'a pas encore réussi à intégrer pleinement toute sa portée et elle en est encore à chercher la participation, allant parfois jusqu'à la concevoir sous l'angle de la convocation alors qu'elle est théoriquement, et intrinsèquement, à l'intérieur même du concept d'économie solidaire tout comme pour le don dans la relation sociale; Elle est instituée méthodologiquement dans la fonction instituante de l'économe solidaire. A partir de cette conclusion, ce n'est plus de la capacité d'action des usagers dont il faut parler, mais de la capacité d'action des institutions, de leur capacité à favoriser les émergences, les innovations et donc à entrer dans un processus de re-création institutionnelle qui passerait par les fonctions symboliques conjointes du don et de l'esthétique.

Participation, Economie sociale et solidaire, Épistémologie, paradigme - esthétique - don - empowerment - construction - savoir