Enjeux de la coproduction de savoirs dans la réduction des angles morts cognitifs des politiques sociales de lutte contre la pauvreté humaine en France
Année : 2013
Thème : Pourquoi et comment instaurer une coproduction de savoirs pour éviter que le difficile accès à certaines informations à cause des mutations des politiques sociales ne réduise l’efficience et l’efficacité de l’accompagnement des personnes en situation de pauvreté humaine.
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
ADJIVON Michel (France) – adjivon.michel@live.fr
Résumé :
Le contexte de l’accompagnement des personnes en situation de pauvreté a subi de nombreuses mutations qui ont entraîné des contraintes pour l’action des travailleurs sociaux. Elles ont aussi généré des opportunités en démultipliant le potentiel de coproduction de savoirs susceptibles de renforcer l’efficacité des politiques sociales sur un territoire.
Ces mutations sont induites par l’évolution de la législation en politiques sociales de lutte contre les exclusions, les multiples réformes de la formation des travailleurs sociaux, de nouvelles exigences théoriques privilégiant la pauvreté humaine au détriment du concept inopérant de pauvreté monétaire, la reformulation non linéaire de la pyramide de Maslow par la trilogie de la souffrance sociale. En outre, on assiste à une transdisciplinarité et pluridisciplinarité de plus en plus grandes. Celles-ci imposent une vision lato-sensu des politiques sociales qui aborde des champs disciplinaires inhabituels et hermétiques voire rébarbatifs pour les travailleurs sociaux en formation.
Dans la même optique, les savoirs professionnels n’échappent pas à la nécessité de s’approprier dans une posture professionnelle et citoyenne les piliers indissociables du développement durable : la performance économique, l’équité sociale, la protection de l’environnement ; sans oublier le critère transversal de la bonne gouvernance.
Enfin, l’économie solidaire peu gourmande en moyens matériels et financiers, offre de plus en plus d’opportunités de prise en charge alternative des personnes en difficultés sociales. Elle privilégie donc le travail en partenariat, la démarche d’acteur, l’éducation populaire et la réciprocité. Elle offre de surcroît aux institutions les moyens de s’adapter aux contraintes liées à la disette financière institutionnelle actuelle. Les Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs et les Systèmes d’Echanges Locaux ont de ce point de vue démontré leur efficacité.
Ces différentes mutations peuvent dans un premier temps être considérées comme des contraintes, des handicaps dans la maîtrise des savoirs par les professionnels du champ social et leurs partenaires et réseaux. La raison en est qu’elles auraient démultiplié les angles morts cognitifs des acteurs des politiques sociales de lutte contre la pauvreté humaine ; réduisant ainsi l’efficience des dispositifs opérationnels. Phénomène de non recours aux droits sociaux, brouillage des frontières traditionnelles de la protection sociale, de ses fondements et valeurs, prolifération dispositifs d’aides sociales extra-légales ou facultatives souvent méconnus, économie cachée de la parenté, solidarité de proximité, secret professionnel non partagé, problème de savoir-être des jeunes générations de professionnels, mille-feuilles des seuils de pauvreté, dispositifs de veille inopérants, observatoires sociaux peu exploités et peu territorialisés.
Ces mutations n’ont pas généré que des handicaps dans le processus cognitif des acteurs des politiques sociales territoriales. Elles ont aussi généré des opportunités qui ne demandent qu’à être concrétisées par les acteurs concernés.
Ces angles morts peuvent donc, grâce à ces opportunités, être neutralisés par une dynamique de coproduction de savoirs centralisés dans une plateforme territoriale unique, un observatoire territorial des politiques sociales de proximité. Néanmoins, plus qu’un observatoire classique, cette interface à l’abri de la redondance, centraliserait, toutes les ressources en termes de savoirs opérationnels structurels ou d'urgence sociale voire exploratoires d’un territoire en matière de politiques sociales de lutte contre la pauvreté humaine. Son alimentation serait assurée par tous les acteurs parties prenantes de ces politiques sociales dans le cadre d’une mutualisation, une capitalisation et un transfert de savoirs validés.
Mots clés :
Territorialisation, Transfert des connaissances, Urgence sociale, mutations des politiques sociales françaises coproduction de savoirs, accompagnement professionnel et social , économie des savoirs, capital humain capital savoir, non recours aux droits sociaux, pauvreté subjective, pauvreté monétaire, pauvreté humaine, capacités, Indice de développement humain, RS
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