Ancrages théoriques entre l’intersectionnalité et les approches narratives dans la production de récits alternatifs, de nouvelles connaissances et des pratiques d’intervention

Année : 2013

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

Harper Elizabeth (Canada) – elizabeth.harper@videotron.ca

Résumé :

Depuis la dernière décennie, les modèles théoriques traditionnels utilisés en intervention et en recherche particulièrement dans le domaine de l’intervention en matière de violence faite aux femmes ont été critiqués parce qu’ils proposent des visions et des explications partielles des expériences de celles touchées par ce phénomène (Corbeil et Marchand, 2007; Oxman-Martinez et Loiselle-Léonard, 2004). Il est possible de présumer que l’usage quotidien de ces modèles contribue au maintien et à la reproduction de narratifs sociaux dominants à propos de ce phénomène. Dans le cadre de cette présentation, j’utiliserai les termes narratifs dominants pour faire référence aux théories et aux histoires qui émergent en intervention et dans le cadre de mouvements sociaux à propos des phénomènes de violences faites aux femmes et des catégories identitaires (Lyotard, 1979: White et Epston, 2003; Loseke, 2007; Anthias, 2008). Par la suite le public en général, les décideurs, les intervenants en sont venus à accepter ces récits comme base d’une connaissance commune. Par la nature même de ces narratifs, souvent, ils rendent moins visibles les expériences des femmes pour qui les expériences sont aggravées par la position sociale qu’elles occupent au sein de la société. Ceci devient particulièrement vrai pour plusieurs entre elles qui s’identifient comme femmes immigrantes, autochtones, transgenres, itinérantes par exemple. L’intersectionnalité, un nouveau modèle théorique, est proposé depuis peu comme un cadre alternatif qui laisse entrevoir la possibilité de dégager de nouveaux compréhensions, connaissances et même, modèles d’intervention en matière de violence faite aux femmes. Toutefois, l’ambigüité demeure sur la manière dont l’intersectionnalité peut s’appliquer à l’intervention dans la recherche et intervention.
Utilisant comme points de repère les écrits de Cooper (1892), Du Bois (1903, 1920), hooks (1981), Crenshaw (1991), Anthias (2008), Loseke (2007), Yuval-Davis et Stoetzler, (2002), White et Epston (2003), Milner (2001) et Wittgenstein (1976), cette présentation examinera la possibilité de construire des pratiques sociales liés au développement de recherche et d’intervention réunissant certains aspects de l’intersectionnalité et les approches narratives. En guise d’introduction, je propose un examen de l’évolution historique des bases théoriques et des fondements de l’intersectionnalité. L’objectif reste ici d’introduire le lecteur aux certaines idées et notions qui sont pertinentes aux pratiques basées sur une approche narrative. Partant de là, j’explore les manières dont des narratifs dominants au sujet de la race, l’ethnicité, la religion et le genre sont entrelacés de narratifs sociaux sur les différentes catégories identitaires de femmes et la violence conjugale et, finalement, comment l’ensemble de ces narratifs s’intègre aux politiques sociales et aux pratiques d’intervention. Par la suite, le potentiel de renouvellement des pratiques d’intervention et de recherche avec des femmes par l’usage d’approches narratives qui s’appuient sur une vision socioconstructionniste de l’intersectionnalité sera exploré. Mon intention n’est pas ici de présenter des« nouvelles » recettes en matière d’intervention et de développement de nouvelles connaissances, mais plutôt de partager mon récit et mes réflexions autour du potentiel d’utiliser le cadre de l’intersectionnalité dans les pratiques d’intervention et de recherche auprès des femmes qui vivent de la violence conjugale.

Mots clés :

Analyse de discours, Femmes, Savoirs, Intersectionnalité

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