BLONDE Catherine (France) – catherine.blonde@etsup.com

Nous partirons du contexte actuel de la scène du travail et de ceux qui en sont exclus, pour illustrer comment la question du travail et la question sociale sont conjointement interpellées. Nous verrons comment la prise en compte de cette réalité a permis l’émergence et la reconnaissance d’un nouveau métier de l’intervention sociale : celui de Conseiller en insertion professionnelle. Enfin, nous développerons les principes qui gouvernent les modalités pédagogiques de transmission des savoirs au sein de la formation qui y conduit.
Un contexte socioéconomique et politique
En ce XXIème siècle, la réalité de la scène du travail est traversée des effets de la mondialisation, des chocs conjoncturels, la production étant plus que jamais soumise aux lois du marché. Les délocalisations, restructurations, fusions dans le secteur privé, la réorganisation générale des services publics (RGPP), la décentralisation de l’action sociale, la politique de la ville, la diversification des opérateurs, puis, aujourd’hui, la maîtrise des dépenses publiques (MAP) mettent en lumière une quête de sens du travail et des interrogations pour toutes les catégories socioprofessionnelles. Doute, incertitude, malaise, crises identitaires viennent percuter le monde salarié.
Parallèlement, le nombre des exclus du travail salarié va croissant, entraînant ceux-là à la marge de la société, confrontés à des situations de plus en plus complexes. Depuis une trentaine d’années s’ébranlent la conception du travail comme pilier fondateur des rapports sociaux et celle de l’activité salariée comme facteur essentiel à la reconnaissance de l’individu. Notre société est plus que jamais convoquée à inventer d’autres vecteurs d’intégration sociale. Pour l’heure, face à « l’effritement de la société salariale », l’état social tente de colmater les brèches en s’essayant notamment à la sécurisation de parcours et à la sauvegarde de l’emploi.
De la désinsertion professionnelle et sociale à l’émergence d’un nouveau métier
C’est dans ce contexte que le champ du social se voit missionné pour œuvrer en faveur de l’insertion professionnelle. Une multitude d’intervenants est alors mobilisée à cet effet, sans pour autant avoir le plus souvent bénéficié de formation spécifique en lien à cette mission. Issus de trajectoires, de formations d’origine et de cultures professionnelle diverses, leurs pratiques révèlent une grande hétérogénéité. Le besoin de se référer à une culture commune, à des savoirs formalisés, d’être reconnus dans une identité professionnelle, motive l’ingénierie d’une formation qualifiante et conduit, en 2000, à la reconnaissance d’un nouveau titre homologué : Conseiller en insertion professionnelle.

Notre communication s’attachera à valoriser ce métier récent qui fait se rejoindre les deux cultures que sont le social et le travail. Nous retracerons l’ingénierie de ce titre professionnel, dont l’ETSUP est à l’origine, le partenariat avec l’AFPA, l’actualisation de ses référentiels, dont la dernière date de décembre 2012. Nous nous attacherons à expliciter les principes qui gouvernent ce dispositif de formation, à savoir : le premier, qui postule que l’insertion est l’affaire de celui qui s’insère ; le second, qui défend la double expertise, celle du Conseiller en insertion Professionnelle « expert en méthodes » et celle de la personne accompagnée, « compétente et experte en solutions » ; le troisième, qui consiste à pratiquer une alternance intégrative entre centre de formation et milieu de travail ; le quatrième, qui invite le sujet en formation à expérimenter une posture et un mode d’accompagnement qu’il mettra en œuvre à son tour au profit des personnes qu’il aura à accompagner. Nous conclurons sur le profil et le positionnement de ces nouveaux professionnels, le fonctionnement en réseau et en partenariat, qui participe tant à leur inscription sur le territoire qu’à l’échange et à la transmission des savoirs.

Insertion, Nouveau métier, Nouvelle qualification…, Sujet de son insertion