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Le rapport entre « ceux qui savent » et « ceux qui ne savent pas »

Année : 2013

Thème : La question, en enseignement, de la facilitation de la capacité citoyenne de questionner, de réfléchir critiquement et d’agir ensemble

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

MOTOI Ina (Canada) – ina.motoi@uqat.ca

Résumé :

Comment l’enseignement du travail social au Québec permet aux futurs travailleuses et travailleurs sociaux de comprendre ce qui construit le rapport entre eux, en tant que personnes supposées « savoir » résoudre des problèmes, intervenir socialement et l’usager des services sociaux, personne supposée « ne pas savoir » le faire? Comment ce rapport participe à la construction du pouvoir savoir intervenir socialement de façon professionnelle? Quel rapport au savoir mettons-nous ainsi de l’avant dans les services sociaux et communautaires?

D’un autre point de vue sur cette situation, quel est le savoir qui permettrait aux citoyennes et aux citoyens de questionner et de mettre en débat ce qui est vécu souvent comme une deshumanisation : l’organisation des interventions sociales selon un modèle managérial non relationnel, l’utilisation possible des connaissances scientifiques et technologiques entraînant l’objectification des usagers, l’automatisation des décisions concernant des êtres humains et l’isolement institutionnel? Au Québec, quelle est la place des citoyens dans les systèmes de santé et de services sociaux ou dans la sphère politique des décisions sociales, économiques, environnementales, municipales?

La compréhension ou la remise en question de ce rapport inégalitaire au savoir n’est pas simple. Nous parlons de participation citoyenne, de comité d’usagers, de présence des citoyens, en tant que partenaires, dans la prise de décisions les concernant, de renforcement des capacités communautaires. Mais les citoyens ne sont pas souvent au rendez-vous et, la plupart, ne sont pas motivés ou outillés pour le faire. Cette situation a des impacts multiples sur l’enjeu de la place que le citoyen ou la citoyenne occupe ou non dans sa société civile, en tant qu’être humain, et que personne d’autre que lui ou elle ne peut occuper.

D’ailleurs, nous enseignons aussi l’intervention collective de type développement communautaire, celle qui pose un processus relationnel qui facilite le développement du pouvoir citoyen de prendre en charge les réponses à ses propres besoins. C’est le pouvoir individuel d’agir avec les autres : agir ensemble. Celui-ci est d’abord appropriation démocratique de sa libre expression, de sa réflexion critique, de sa liberté d’association et de sa capacité de donner et de construire du sens par des liens significatifs avec les autres. Ce sont là des moyens de connaissance qui permettent à l’individu d’affirmer son identité positionnelle forgée par son vécu et par son expérience, de la situer et de la faire prendre en considération par les autres dans un dialogue démocratique et égalitaire. C’est poser ainsi la définition ou la « redéfinition du rapport du sujet au monde auquel il appartient » comme savoir. Cette identification de sa position, dans un contexte social et historique donné, lui permet d’explorer et de construire les conditions de sa reconnaissance par les autres. La rendre visible en tant que connaissance qui lui permet de se situer par rapport aux autres moyens de connaissance actuels ou à venir pour vivre ensemble mieux avec ses semblables humains et travailler le social. L’identité positionnelle peut être l’équivalent de ce qu’est la constitution de l’identité psychosociale pour intervention sociale individuelle.

Mots clés :

Savoirs, Société civile, Vivre ensemble

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