Vous avez dit durable ? Construire ensemble une stratégie nationale de prévention du suicide : analyse d’une expérience participative innovante.
Année : 2010
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
CASTELLI DRANSART Dolores Angela (Suisse) – angela.castelli@hefr.ch
WEIL Barbara (Suisse) – barbara.weil@fmh.ch
Résumé :
Introduction
En 2008, 1313 personnes se sont suicidées en Suisse. Cela représente 3,7 fois plus de décès que les accidents de la route et environ 28 fois plus de morts que les décès dûs au SIDA. En dépit de ce fait et contrairement aux deux autres domaines, il n’existe pas de stratégie nationale ni de financement fédéral en matière de prévention du suicide en Suisse. Toutefois, des actions de préventions locales, régionales, voire depuis 3-4 ans des initiatives cantonales de prévention du suicide existent. A l’origine, elles ont été le plus souvent l’initiative de la société civile ou d’associations d’intérêt (survivants de suicide, professionnels concernés, etc.). Ces différentes initiatives n’ont pas, à elles seules, le pouvoir d’infléchir la politique nationale (ou son absence) dans le domaine. C’est pourquoi, « Ipsilon » Initiative pour la prévention du suicide en Suisse, association faîtière nationale crée en 2003 a souhaité organiser un congrès le 18 et 19 mars 2010, dans le but de réunir une multiplicité d’acteurs et d’étayer la légitimité sociale et politique de la problématique du suicide.
Analyse d’une expérience
Voulu comme une occasion pour promouvoir l’échange, la concertation et le renforcement des savoirs et des expériences, le congrès a réuni environ 200 personnes issues d’horizons très différents ; des politiciens, différents professionnels comme psychiatres, travailleurs sociaux, enseignants, ambulanciers, etc., ainsi que les bénévoles des associations d’entraide ou les personnes concernées par le suicide dans leur entourage proche. Pendant un jour et demi les participants ont assisté à 4 conférences plénières (allemand/français) et participé à l’un ou l’autre des 21 ateliers proposés (soit en allemand, soit en français). La dernière demi-journée a été consacrée à un « Café du monde », qui est à la fois une approche et une méthode interactive pour échanger et collectiviser les savoirs et créer une dynamique susceptible d’engendrer une action collective. Le Café du monde sollicite fortement les participants, appelés à s’exprimer individuellement et collectivement sur une thématique spécifique, en l’occurrence « Comment faisons-nous face au suicide en Suisse », déclinée en plusieurs questions qui sont discutées en groupe (par tables) et par phases successives : l’exploration-constat ; les besoins recensés ; la vision prospective ; la priorisation des différents éléments et l’établissement de priorités pour la prévention au niveau régional et fédéral ; les attentes vis-à-vis d’Ipsilon ; le message central à transmettre aux instances politiques.
Dans la communication proposée, la démarche dans son ensemble sera présentée à deux voix (chercheure et membre du comité Ipsilon d’une part et secrétaire générale de l’association Ipsilon d’autre part), de sa conceptualisation à sa mise en œuvre. Une analyse critique portant aussi bien sur les aspects conceptuels-méthodologiques (élaboration du cadre et présentation des résultats) que politiques (constitution d’un acteur collectif en vue de promouvoir une prévention du suicide intégrée et nationale) sera proposée. En effet, à la suite du Café du monde, et sur mandat des participants, une lettre a été adressée au ministre en charge de la santé et du social au niveau national et une rencontre a eu lieu avec lui . La démarche du Café du monde peut donc être considérée comme un acte fondateur d’une mobilisation collective qui vise à créer les conditions nécessaires pour une stratégie nationale de prévention durable et intégrée du suicide c’est-à-dire tenant compte des différents acteurs aux différents niveaux décisionnels, des différentes dimensions (santé publique/accompagnement psycho-social), ainsi que d' éléments fondamentaux sociétaux (perception du suicide dans la population) et socio-économiques de la problématique(coûts indirects et indirects des comportements suicidaires). Les enjeux et les perspectives d'avenir d'une telle démarche seront abordés.
Mots clés :
Participation, Action collective, Intelligence collective, prévention du suicide
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