Le discours du social

Année : 2013

Thème : Synthèse finale du Congrès de LILLE

Type : Autre

Auteur(s) :

AUTES Michel (France) – michel.autes@orange.fr

Résumé :

La question des savoirs du travail social est une question récurrente. Elle peut s’approcher de multiples manières.
Il faut d’abord souligner ses liens étroits avec les contextes nationaux, historiques et politiques.
Les savoirs et les rapports aux savoirs ne sont pas les mêmes selon le type de proximité avec les institutions universitaires et les modes de construction de la professionnalité.
Les savoirs de référence changent selon les époques historiques : domination des référentiels psychologiques et psycho-sociologiques ou médicaux, apparition des référentiels sociologiques, et, dans la période plus récente, hégémonie des référentiels gestionnaires et managériaux.
Même les objets du travail social se transforment ainsi que les missions qui lui sont confiées, non sans ambiguïté, par le politique. Le droit évolue, des droits créances au droit des usagers. La délinquance, pour prendre un exemple, n’est pas la même dans un contexte de croissance économique et de croyance au progrès, que dans un contexte politique sécuritaire et pétri d’incertitudes. L’assistance n’est pas l’insertion.
C’est pourquoi, dans cette complexité, la tâche s’impose de construire la généalogie du social, dans laquelle les rapports aux savoirs, la production de savoirs, sont des dimensions essentielles. Rien moins, au fond, que la question de la vérité, mais aussi de la légitimité qui l’accompagne.
Mais de quelle vérité s’agit-il ici ? De quoi nous parle-t-elle, dans ses bavardages, ses silences, ses zones d’ombre, ses angles morts, tout comme dans ses fulgurances, sa créativité ou son courage, pour faire référence à la parresia des grecs, c’est-à-dire la vérité de celui qui dénonce les travers des puissants et du pouvoir, celui qui prend le risque de la vérité ? S’agit-il de la fragilité de la condition humaine et de ses malheurs ? Ou bien est-il question de la justice et de l’existence des inégalités dont il faut rendre compte pacifiquement ?
On retiendra au moins ceci : les savoirs du social –savoirs d’action, savoirs pratiques- sont des savoirs dangereux, des savoirs risqués. Ils touchent à l’ordre. Des savoirs qui se dessinent sur une volonté d’ignorance.
Pris entre le politique et l’éthique, les énoncés du social portent en eux une vérité qui ne s’inscrit dans aucune connaissance, aucune science du social. En eux, les enjeux du juste et de l’injuste, du tolérable et de l’intolérable, l’emportent sur ceux du vrai et du faux.

Reconnaître, explorer cet espace, et le discours qui s’y construit, demeure un enjeu permanent pour le travail social.

Ce sont les éléments de ce discours qu’on cherchera à identifier dans les différents moments du colloque.

Mots clés :

Savoirs, Secteur social, Formation

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