L'apprentissage des métiers du care en Île de France et en Rhénanie du Nord Westphalie: vers une alternance délibérative?
Année : 2014
Thème : Pour une approche participative
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
SENTIS Julie (France) – julie.sentis@gmail.com
Résumé :
La voie de l’apprentissage est encouragée par la région Île de France à destination des formations sanitaires et sociales de niveau V alors que leurs équivalents dans les régions allemandes par exemple en Rhénanie du Nord Westphalie, pourtant considérées comme des championnes de l’apprentissage, s’effectuent uniquement sous statut scolaire. La question se pose donc de savoir quel mode de formation – par apprentissage en France ou scolaire en Allemagne – favorise davantage le développement professionnel des jeunes personnes en formation conçu comme celui de leurs capacités au travail, à la fois construction d'un choix biographique et d'un pouvoir d'agir relationnel chez l'employeur ou en stage (Zimmermann, 2012). Au prisme d’une enquête ethnographique effectuée sur le modèle multisite (Marcuse, 1995) dans deux CFA franciliens privé et public proposant des formations d’Aide Médico Psychologique (AMP) et d’Auxiliaire de Puériculture (AP) et deux Berufskolleg ou lycée professionnels westphaliens privé et public proposant des formations d’aidant sociaux et de soigneurs d’enfants (niveau Hauptschule équivalent au niveau 3ème), j’ai réalisé 90 entretiens avec des apprentis, des formateurs et des maîtres d’apprentissages franciliens, des élèves et des enseignants westphaliens, des directeurs d’établissements, d’OPCA et des responsables du financement, de l’organisation et de la sécurisation des parcours de formation dans les deux régions de référence. Si la constitution des référentiels allemands insistent indéniablement sur la notion d’identité professionnelle moins évidente en France en référence à la « personne » morale de l’usager, il apparaît que les élèves westphaliens ne sont pas davantage protégés que les apprentis franciliens. La différence se fait au niveau du secteur d’activité plutôt qu’au niveau de la région de référence : les formations sociales (AMP et aidant sociaux) sécurisent moins les jeunes personnes en formation que le secteur sanitaire (AP et soigneurs d’enfants). Ce n'est pourtant pas le fait d'un dispositif centralisé, lié à la tutelle publique, qui « manquerait » au secteur social. Au contraire, c'est bien la place faite à l'apprenti ou au stagiaire qui semble poser problème : le stagiaire, en cours de qualification donc non-qualifié, ne pourrait participer pleinement à la vie de la structure accueillante. Si la question de la responsabilité juridique se pose avec raison, la dynamique participative vers lequel le secteur social évolue aujourd’hui pourrait au contraire être considérée comme un levier plutôt qu’un frein : qualifié ou non, déjà en poste ou en formation, chaque professionnel participe au développement commun de la structure en se développant lui-même avec ses collègues d'un point de vue professionnel dans une interrogation constante sur ses pratiques et leurs évolutions. Une dynamique participative pourrait donc associer les personnes en formation comme les professionnels à part entières au sein de la structure (Le Goff, 2012) autour de la discussion des problèmes qui s'y posent. Associer les familles des usagers et les professionnels concernés serait un deuxième temps possible de façon à favoriser le développement de chacun dans le respect du développement commun.
Mots clés :
Travail social international, Participation, Le travail de care
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