La prise en compte, par les intervenants sociaux, des particularités intracommunautaires d'immigrants et réfugiés issus de pays en conflit.

Année : 2010

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

ARSENAULT Stéphanie (Canada) – stephanie.arsenault@svs.ulaval.ca

Résumé :

L’idée selon laquelle les personnes issues d’un même pays sont les plus à même de faciliter l’intégration des immigrants à leur nouvelle société, du moins pendant la période suivant leur arrivée, est largement répandue. Le gouvernement québécois actuel tend d’ailleurs à adopter la position selon laquelle « seule une communauté culturelle déjà présente au Québec serait en mesure d’aider un nouvel arrivant de la même origine à s’intégrer dans son nouvel environnement » (Marhraoui, 2005 :13). Cette lecture de la réalité selon laquelle les personnes d’un même pays seraient les mieux placées et les plus compétentes pour accompagner leurs compatriotes immigrants dans leur intégration peut par ailleurs être remise en question.

Dans les faits, une fois en exil, la construction ou reconstruction du sens de la communauté ne semble pas toujours évidente pour les ressortissants d’un pays en conflit (Eastmond, 1998). Dans certains cas, la poursuite des tensions, une fois en exil, entre différents clans, ethnies ou groupes sociaux d’un même pays connaissant un conflit interne compromet leurs habiletés à répondre adéquatement aux besoins de leurs propres compatriotes (Hopkins, 2006) ou encore compromet la possibilité de créer et d’assumer eux-mêmes des initiatives ou des projets d’intervention destinés spécifiquement à leur population (Arsenault, 2006; Charland, 2006; Jacob, Bertot, Frigault et Lévy, 1995). Il apparaît donc clairement qu’un certain nombre de facteurs peuvent freiner ou limiter les possibilités réelles que les gens issus d’un même pays ou d’une même région du monde correspondent effectivement à ce que le gouvernement québécois entend par « communauté culturelle », ou se constituent en un groupe à même de pallier efficacement les besoins de l’ensemble des personnes identifiées, à tort ou à raison, à ce groupe.

Une recherche qualitative est en cours à Québec depuis 2009 afin d’approfondir les particularités des dynamiques intracommunautaires pouvant émerger au sein de populations immigrantes et réfugiées issues de pays en conflit et de saisir les implications que de telles dynamiques peuvent avoir sur la pratique du travail social et sur l’intervention sociale et générale auprès de ces populations. Trente-six immigrants et réfugiés originaires de trois pays de même que douze intervenants ont été rencontrés en entrevues individuelles. D’une analyse préliminaire des données recueillies ressort un certain nombre d’observations qui permettent dors et déjà une meilleure compréhension des relations en exil entre compatriotes issus de pays en conflit. Cette communication cherchera à mettre en lumière les différents types de dynamiques relationnelles observées chez la population étudiée, à exposer les principaux défis que pose le travail avec les ressortissants de pays en conflit dans une ville de taille moyenne comme Québec où près de 30% des immigrants qui s’y établissent sont des réfugiés (Citoyenneté et immigration Canada, 2009) et à présenter un certain nombre de stratégies utilisées par les immigrants et par les intervenants pour composer avec les différentes réalités en lien avec notre sujet et vécues par ceux-ci.


















































Mots clés :

Interculturel, Intervention sociale et travail social, Complexité

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