Mieux articuler le travail social, la recherche, la décision et la formation.
Année : 2014
Thème : L’exemple d’une recherche-action menée par le PREFAS-IRTS de Basse-Normandie.
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
CHAPUT Corinne (France) – corinne.chaputlebars@gmail.com
Morange Arnaud (France) – amorange@irtsnormandiecaen.fr
Résumé :
A la demande de l’Association des Amis de Jean Bosco, association d’insertion du Calvados, le PREFAS de l’IRTS de Basse-Normandie a procédé à l’expertise d’une innovation dans le domaine du logement des grands exclus. La singularité de la démarche et de ses enjeux reposait, d’une part, sur l’implication forte de différentes institutions engagées dans le dispositif (concrétisée sous la forme d’un comité de pilotage), d’autre part sur la co-participation des acteurs de terrain et du pôle de recherche, puis, enfin, sur la nature même du dispositif étudié. Au terme de notre investigation, il apparaît bien que l’innovation sociale, telle que celle analysée, suggère également, du point de vue de la recherche, de nouvelles approches. La collaboration entre des chercheurs, des travailleurs sociaux, ainsi que des décideurs, a rencontré ici une dynamique utile à l’objectif commun de prise en charge de la grande exclusion. Elle ouvre par ailleurs des voies pour l’élaboration de nouveaux protocoles de formation articulés à de nouveaux besoins sociaux.
A l’exemple des initiatives de Housing-First, des professionnels de l'Association des Amis de Jean Bosco) ont créé le service SéSAME dont l’objectif est de proposer « un logement d’abord » à des sans-abri cumulant des difficultés et souffrances diverses (grande précarité, addictions, pathologies mentales…). L’objectif, modeste dans un premier temps puisque ne concernant qu’une dizaine de locataires, était de donner, sans contrepartie (si ce n’est le paiement d’un loyer modéré), un mieux-être à ce public. L’esprit du Housing-first, pratiqué selon des modalités variables et de plus longue date ailleurs, est en effet de considérer le logement comme condition première de citoyenneté, sans préjuger de la capacité des personnes à évoluer vers les normes d’intégration sociales, vers le délaissement des produits psycho-actifs, vers les soins, vers le développement de projets personnels. C’est la stabilisation des locataires qui fonde le travail social dans ses aspects plus traditionnels et dans la durée. Par ailleurs, la particularité de cet accompagnement réside dans l’intervention (et le recrutement) de travailleurs-pairs (ou « médiateurs de santé »), anciens exclus intégrés à l’équipe de travailleurs sociaux en charge de l’accompagnement et du suivi rapproché des personnes. Le dispositif nouveau nécessitait une expertise visant à mesurer sa pertinence afin d’envisager de le pérenniser, voire de l’amplifier.
Le PREFAS de l’IRTS a proposé une expertise plus inspirée par la recherche-action collaborative, que par la mesure strictement évaluative ; d’autant plus qu’il s’agissait d’une expérimentation sociale en devenir qui se prêtait bien à cette forme d’accompagnement-évaluation.
Un sociologue a alors été accueilli au sein du groupe SéSAME, durant six mois, au plus proche du vécu de l’équipe de terrain et des bénéficiaires. Le travail d’observation, les entretiens réalisés auprès de chacun des membres de l’équipe, les échanges de savoirs, ont alors donné lieu à un rapport de recherche incluant des recommandations pour une optimisation du service. La collaboration entre les travailleurs sociaux, les chercheurs et les décideurs et institutionnels se poursuivent.
L’articulation entre notre recherche-action, les acteurs institutionnels, décisionnaires, financiers a été décisive pour valider la pertinence du dispositif et pour penser tant son extension que le potentiel de formations idoine. Des questionnements importants ont été abordés, comme le statut et le rôle particulier des travailleurs-pairs, l’offre de formation qui pourrait leur être faite. Associant action de terrain et recherche, l’étude collaborative met en lumière l’intérêt d’un renforcement des pôles recherche au sein des Hautes-Ecoles professionnelles en action sociale, pour mieux envisager des formations nouvelles s’appuyant sur l’analyse des réalités du travail social.
Mots clés :
Recherche-action, Exclusion, Nouveau métier
← Retour à la liste des articles