LEMLIGUI Ahmed (France) – ahmed.lemligui@irts-bretagne.fr
HARDY Laurence (France) – laurence.hardy@askoria.eu
TREMAUDAN-SANTO Céline (France) – c.santo0@laposte.net

Les formations en travail social sont des processus de passage amenant les étudiants-stagiaires à vivre des expériences d’apprentissage aboutissant notamment au changement de statuts et l’intégration de nouveaux groupes constitués . Ces séquences peuvent être bénéfiques mais peuvent aussi, pour certains, faire surgir des problèmes qui entravent sa bonne marche. Tout se passe comme si des processus d’enchantement, désenchantement et ré-enchantement scandaient le parcours des étudiants-stagiaires au fil des années de formation, en affectant certains plus que d’autres. Au-delà des difficultés relatées par les médias de la gratification, les étudiants-stagiaires de la formation en travail social font face à des obstacles qui les empêchent de mener à bien leurs études ; ils sont que rarement évoqués et encore moins analysés. Les seuls travaux portants sur les problèmes des étudiants concernent ceux du Ministère de l’enseignement supérieur.

Le coudoiement au quotidien des cohortes d’étudiants-stagiaires, au titre de nos activités au sein des centres de formation, fait de nous des témoins des réalités estudiantines et nous amène à identifier un besoin de construire un questionnement.

Travailler auprès de populations en difficulté nécessite des professionnels/stagiaires d’avoir un équilibre suffisant pour les soutenir. Comment œuvrent les étudiants qui aiguisent leurs premières armes pour se protéger et acquérir suffisamment de forces pour réussir leurs apprentissages des métiers ? Quelle est la nature des difficultés qu’ils rencontrent? Comment les étudiants et les formateurs en travail social se représentent et expliquent ces difficultés ? Existent-ils des périodes plus propices à leur émergence ou des catégories particulières d’étudiants qui les rencontrent davantage que d’autres ? Comment les étudiants-stagiaires/l’institution s’organisent pour les solutionner ?

Afin d’évaluer la pertinence de ce projet, nous avons rencontré des étudiants et des formateurs. De ces échanges s’est dégagé le postulat que la complexité des réalités sociales fait que les difficultés de cette catégorie s’inscrit dans des systèmes complémentaires auxquelles nous donnons sens en les inscrivant dans l’analyse des processus d’inégalités sociales structurelles. Dans une approche constructiviste, nous considérons que les causes de ces difficultés sont autant à imputer au processus de formation qu’à la structure de la société générant des inégalités entre les étudiants. Notre démarche, encore en cours de réalisation, s’intéresse à une analyse règlementaire, pscho-sociologique, économique, pédagogique et cognitive donnant sens aux difficultés.

L’investigation est réalisée auprès d’étudiants/stagiaires en formation Assistants de service social et Educateurs spécialisés et des formateurs en travail social. La méthode se décompose en entretiens de groupe et individuels. Pour les premiers, ils sont faits en prenant appui sur la méthode du « métaplan » qui permet aux différents participants de s’exprimer sur la manière dont ils définissent leurs difficultés et les moyens à leur disposition pour y remédier. Des entretiens semi-directifs viendront compléter et cibler ce premier recueil de données. Par ailleurs, d’autres entretiens, réalisés auprès des formateurs et des responsables de formations, sont en cours de réalisation permettant d’avoir un regard croisé et complémentaire.

Question sociale, Secteur social, Public cible, Difficultés des étudaints en travail social