Compétences et savoirs disciplinaires : un binôme nécessaire à la configuration d’une nouvelle pratique professionnelle ?
Année : 2014
Thème : Comment le contexte culturel européen et local influencent la formation des éducateurs en Italie et en France.
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
ROMANO Luciano (France) – lucianoromano71@yahoo.it
Bianchini Paolo (Italie) – paolo.bianchini@unito.it
Résumé :
Cette communication s’inscrit dans le cadre d’une thèse de doctorat en Sciences de l’Éducation et d’une collaboration entre les Universités de Nice et de Turin. Á partir d’une approche comparative de la formation des éducateurs en Italie et en France, cette communication vise à une réflexion plus globale sur la place du welfare et des métiers du social dans la société actuelle en Europe. En effet, nous sommes à un carrefour des choix fondamentaux pour déterminer la place et le sens du travail social dans la société contemporaine: la relation de subordination croissante des sciences humaines aux sciences économiques et médicales redéfinit un paradigme dans lequel le travail social s’inscrit de plus en plus dans une logique de coûts-bénéfices et de rationalisation des ressources. En se plaçant dans cette optique néo-libérale, le travail social ne serait plus en priorité une ressource visant à la cohésion et à la lutte contre les inégalités mais il serait destiné à devenir un «luxe». En outre, le passage d’un modèle basé sur les savoirs disciplinaires à un modèle basé sur les compétences semble être à l’image de ce glissement paradigmatique. Doucement, d’une manière non palpable, cette «idée du monde» se dessine et s’impose à nous et elle semble être à l’origine d’un glissement de sens et de place du travail social.
Á travers la présentation et l’analyse comparative du contexte de la formation en travail social européenne, française et italienne, notre communication propose de cibler et de comparer les similitudes et les différences des «tensions structurantes» repérables dans les différentes situations, et notamment les lieux de formation, l’organisation des savoirs, le sens et la finalité de la formation.
Comparer la formation universitaire italienne avec celle française des Hepas signifie interroger les modalités pédagogiques construites à partir des disciplines plutôt que sur les compétences attendues. Pour cela, nous verrons le rapport entre les sciences dures et les sciences humaines et sociales, entre l’influence des savoirs universitaires et les savoirs professionnels, et plus globalement les modalités des formations intégratives par l’alternance. Un dernier axe de réflexion concernera le sens de la formation entendue comme construction globale du professionnel à part entière, individu porteur de sens, de savoirs et de valeurs et sujet à l’influence inévitable du réel, à l’encontre du professionnel formé aux savoirs spécialisés et segmentaires.
En conclusion, pour étayer et compléter l’analyse, il s’agira de repérer les retombées sur la pratique professionnelle et de raisonner sur la reconfiguration du métier de travailleur social à partir des différentes tensions précédemment citées. Les premiers résultats d’un questionnaire d’enquête sur la représentation du métier effectué auprès d’étudiants en formation en première et troisième année en Italie et en France seront alors exposés. En complément, nous présenterons une première lecture des résultats d’autobiographies professionnelles effectuées sur un échantillon de formateurs et de professionnels intervenant dans la formation d’éducateurs dans les deux pays.
Mots clés :
Culture professionnelle, Formation, Transfert des connaissances, approche comparative européenne, recomposition des professionnalités, relation savoirs/compétences
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