Quels acteurs, comment, pourquoi ? Présentation d’une co-construction de module de formation travailleurs pairs, personnes habitantes de collectifs autogérées, chercheurs, formateur.

Année : 2014

Thème : Co -production de module de formation: travailleurs sociaux, travailleurs pairs, personnes de la rue habitantes de collectifs autogérées, chercheurs,formateurs.

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

COLCY MARIE NOELLE (France) – mn.colcy@ifrass.fr

Résumé :

Nous vous proposons de restituer un témoignage de pratiques de co -formation concernant l’expérimentation d’un module d’approfondissement « grande précarité ».
L’originalité de ce module se situe :
- dans le fait qu’il soit co-construit par une équipe dont les membres ont des parcours et expériences diverses : un sociologue expert dans la question du sans abrisme et travaillant à l’Observatoire régional pour la santé de midi –Pyrénées, un travailleur pair, expert du vécu de la rue, un intervenant social, psychologue au sein de l’association Regar, une formatrice de l’institut de formation IFRASS et les habitants de collectifs co-gérées.
- dans le fait que les éléments de contenus du programme soient issus d’une enquête menée auprès de quatre expériences collectives locales à partir desquelles nous essayons d’extraire des éléments ou méthodologie d’actions transposables.
Nous nous inscrivons dans cette vision de pluralités de savoirs amenant à questionner les pratiques développées actuellement et n’étant plus forcément adaptées au contexte actuel.
Il s’agit donc bien, à partir d’une méthodologie participative et collaborative de produire ensemble une analyse du repérage de ce qui se joue en terme de nouvelles pratiques à travers des expériences locales de rétablissement social des personnes, de développement de la citoyenneté des personnes de la rue construisant des projets d’habiter collectivement.
Cette réflexion et cet axe de formation s’inscrivent dans le champ de la mise en œuvre des politiques sociales du logement posant la question de la reconnaissance des capacités d’habiter des personnes en situation de grande précarité. « Favoriser l’innovation et les formes d’habitat alternatives » est une des 10 mesures phares de la loi ALUR, loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (mars 2014).
La méthodologie retenue est celle d’une participation des minorités, personnes de la rue, qui agissent au sein de collectifs, à la construction des savoirs, à l’analyse des pratiques développées et la transmission aux étudiants à partir de rencontres in situ ou au sein de l’institution de formation. Ces personnes acquièrent ainsi un statut d’intervenant occasionnel vacataire.
L’objectif principal est donc de dégager des pratiques permettant l’exercice de la citoyenneté et développant des rapports égalitaires dans la construction de projet. Il s'agira ainsi d’étudier le rapport intervention sociale, personnes de la rue, et acteurs politiques
Notre fil conducteur est de pouvoir, avec l’ensemble des acteurs, bousculer les représentations en luttant contre la stigmatisation tout en modifiant le regard posé sur les personnes, en passant d’une vision de la personne sans ressources, dépendante, à une vision de personne actrice dans les parcours de formation d’étudiant en travail social, porteuse de projet.
Un des effets attendus est de pouvoir éprouver l’expérience du collectif, travailleurs sociaux, personnes vivant dans la précarité pendant une session de formation, et de pouvoir expérimenter en formation la production collective. En effet, la plupart des professionnels expriment leurs difficultés à devoir se positionner dans la confrontation directe à un groupe rarement disposé vis-à-vis du travail social, réactif et reconnu comme autodéterminé. Le groupe ne saurait être le lieu où s’exposent et se traitent les problématiques individuelles, l’accompagnement du collectif ne saurait être la somme des accompagnements individuels. Pour des travailleurs sociaux portés essentiellement sur l’approche de la personne, le décalage peut apparaître difficile à surmonter.
La formation est alors un lieu permettant l’avancée de tous en permettant que l’expression du vécu ne s’arrête pas à l’expression d’un simple témoignage mais à une analyse personnelle générant une avancée. Ce travail remet en question la distance sociale et les notions de proximité. Dans la formation chacun à son tour pourra être aidant ou aidés.
















Mots clés :

Co-construction, Formation, Exclusion, CO -formation

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