Recherche et Formation au travail social
Année : 2014
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
DUMONT Jean-Frédéric (France) – jfdumont@msn.com
Résumé :
Pour n’être pas nouvelle, la question de la spécificité des recherches (sur, en, dans, pour) le travail social, n’en est pas moins toujours aussi prégnante. Nous nous intéresserons ici aux conditions nécessaires et indispensables pour qu’une recherche en travail social soit scientifiquement légitime, ainsi que sur ses aspects praxéologiques.
Nous mènerons ce questionnement à partir d’une recherche sur la professionnalisation des éducateurs, que nous avons menée dans le cadre des sciences de l’éducation, dans un positionnement particulier du point de vue de la recherche, mais classique de celui du travail social : je suis à la fois chercheur en sciences de l’éducation, responsables de formation dans un Centre de Formation au Travail Social et ancien éducateur de terrain. Je suis donc à la fois un praticien et un chercheur.
Dans ces conditions, de quelle légitimité le chercheur peut-il se revendiquer quant à la fiabilité des méthodes de recueil de données et la validité des résultats obtenus ?
La fonction et les postures du praticien sont-elles compatibles avec les exigences qui déterminent l'activité de production de connaissance ?
La familiarité avec l'objet de recherche n'est pas nouvelle. Déjà, Durkheim (1967) tentait d'établir une frontière entre la connaissance du dedans, qui relève de l'introspection, d'une plongée en soi-même, et la connaissance du dehors qui impose une sortie de soi, pour observer un réel qui s'impose dans toute son altérité et son irréductibilité.
Cette posture volontariste de rupture épistémologique, n'est tout simplement pas tenable, lorsque la recherche est menée par un praticien/chercheur. Nous postulerons en effet avec Edgar Morin, que la connaissance de l'objet, même le plus physique, ne saurait être dissociée d'un sujet connaissant enraciné dans une culture, une société, une histoire. Autrement dit, l'objet de recherche me désigne tout autant que je le désigne, et il n'a d'existence que par la construction que j'en fais…
Il existe une alternative à cette stratégie qui consiste à séparer radicalement le monde de l'action et celui de la pensée, le professionnel et le scientifique. Pourquoi ces mondes devraient-ils s'ignorer ou se combattre ? Pourquoi ne pourrais-je pas chercher et produire de la connaissance, en considérant que je participe à la production du réel que j'observe, et que m'en extraire, reviendrait à le mutiler en amputant la connaissance d'une partie d'elle-même ?
Nous ferons en effet le pari avec Michèle Guigue (2005) que la posture intellectuelle de chercheur peut se construire, non pas en conflit frontal avec celle du professionnel, mais à côté, et sur un socle commun, celui des manières de faire : manières de faire professionnelles, manières de faire scientifiques, tout particulièrement celles de collectes de données.
Mots clés :
Épistémologie, Méthodologie, Recherche-action
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