Vulnérabilité des personnes avec une déficience intellectuelle face aux apprentissages à l'âge adulte
Année : 2014
Thème : Apprendre à l'âge adulte, qu'en disent les personnes avec une DI. Entretiens de 60 personnes âgées de 18 à 75 ans. Obstacles et facilitateurs analysés selon le modèle de production du handicap (PPH)
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
GREMAUD Germaine (Suisse)
Résumé :
Si le droit à l’apprentissage des personnes avec une déficience intellectuelle est reconnu en théorie (CIF, 2001 ; AAIDD, 2010), il n’est que peu promu en pratique. Dans le champ de la déficience intellectuelle (DI), il est rare, une fois la période de scolarité obligatoire passée, de voir les milieux familiaux, socio-éducatifs ou résidentiels continuer à fournir des prestations d’apprentissages aux personnes adultes (Walker, 2003). Or, la perspective de « life-span development » implique que des opportunités d’apprentissage puissent continuer à être proposées à tout âge. « L’éducation est un facteur essentiel d’intégration sociale et d’indépendance pour tous les individus, y compris les personnes handicapées » et doit couvrir toutes les étapes de la vie comme le stipule le Conseil de l’Europe dans son plan d’action 2006-2015.
Cependant, force est de constater que l’on ne sait rien du rapport que les personnes avec une DI entretiennent à l’égard de l’apprentissage à l’âge adulte. La présente recherche conduite par Geneviève Petitpierre et Germaine Gremaud avec la collaboration d’Aline Veyre et d’Ivo Bruni répond à ce besoin. Suite à une procédure pour l’obtention de l’assentiment éclairé des participants à la recherche (Petitpierre, Gremaud, Veyre & Bruni, 2013), l’avis de soixante personnes avec une DI (dont 24 avec une trisomie 21, âgées entre 18 et 75 ans) a été recueilli à l’aide d’entretiens semi-directifs. Les questions portaient sur la façon dont ce public considère l'apprentissage à l'âge adulte, les obstacles, facilitateurs, opportunités et ressources perçus, ainsi que les attentes exprimées.
Les résultats montrent que 88 % des personnes interrogées estiment qu’il est possible d’apprendre tout au long de la vie, de même la plupart des personnes interrogées (45%) expriment avoir des projets d’apprentissage (Petitpierre, Gremaud, Veyre et Bruni, sous presse). La présente étude s’inscrit dans le modèle dit « processus de production du handicap » (PPH) (Fougeyrollas, Cloutier, Bergeron, Côté et St Michel, 1998 ; RIPPH, 2010).
De l’avis des personnes avec une DI, les facteurs environnementaux tant sociaux que physiques jouent un rôle capital dans la réalisation d’apprentissages à l’âge adulte. En ce qui concerne les connaissances et habiletés acquises à l’âge scolaire, on peut se demander si elles sont suffisamment mobilisés dans les habitudes de vie, telles que le travail ou la vie quotidienne.
La situation de handicap des personnes qui découle de l’interaction entre les facteurs personnels, environnementaux et les habitudes de vie, n’est ni acquise ni statique. Elle évolue avec la société dans laquelle ces personnes vivent. Aussi, l’application des principes et les valeurs définies dans la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH, ONU, 2006) et notamment dans son article 24 al. 5 qui exige des Etats signataires qu’ils « veillent à ce que les personnes handicapées puissent avoir accès, sans discrimination et sur la base de l’égalité avec les autres, à l’enseignement tertiaire général, à la formation professionnelle, à l’enseignement pour adultes et à la formation continue », peut-elle contribuer à réduire la vulnérabilité de cette population ?
Les politiques et les institutions sociales devraient pouvoir tenir compte de l’avis des usagers pour élaborer des concepts d’accompagnement comme le prévoit désormais le paradigme de participation (Guerdan, Petitpierre, Moulin & Haelewyck, 2009).
Mots clés :
Participation, Usager, Formation, Déficience intellectuelle
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