C’était impossible en France, on l’a fait en Tunisie !

Année : 2014

Thème : Développer le pouvoir d’agir de trois associations sfaxiennes intervenant auprès de personnes en situation de handicap

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

VALLERIE Bernard (France) – bernard.vallerie@wanadoo.fr

Résumé :

Cette intervention s’inscrit dans le cadre des actions menées par le comité de jumelage « Grenoble – Sfax ». Depuis 2003, la coopération entre ces deux villes concerne, entre autres, trois associations intervenant auprès de personnes en situation de handicap. Cette coopération s’est longtemps traduite par des dons de matériel spécifique. Depuis 2006, le comité de jumelage initie des projets visant l’amélioration de la qualité de vie dans les institutions. Ce qui s’est traduit par l’accueil, à Sfax, de professionnels grenoblois, et, à Grenoble, de professionnels sfaxiens. Courant 2011, le comité de jumelage a contacté le département « carrières sociales » de l’IUT pour enrichir cette dynamique.
Nous avons alors envisagé notre implication en référence à l’approche centrée sur « le développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités » (Le Bossé, 2004). C’est ainsi que notre principale préoccupation est de ne pas « penser à la place » des sfaxiens et de ne pas « faire à leur place ». Il n’est plus question de pseudo transfert de compétences : la mobilisation des ressources locales disponibles est privilégiée.
Lors d’une première mission (février 2012), un état des lieux des trois associations, impliquant tous les membres du personnel et les administrateurs de chacune d’entre elles, a été réalisé. La formation du personnel a rapidement été soulevée. L’idée de la mise en œuvre de séquences de formation pour tous (personnel, administrateurs, parents) a été retenue. Un rapprochement entre les trois associations a alors été évoqué.
Au cours d’une deuxième mission (février 2013), le projet a été précisé. Le rapprochement des trois associations s’est concrétisé pour organiser la formation (prévue de septembre 2013 à février 2015) avec le principal institut de formation et de recherche tunisien. Le financement a été bouclé lors d’une rencontre avec l’ambassade de France.
Lors d’une troisième mission, (avril 2014), une évaluation du déroulement de la formation a été réalisée. Parents, administrateurs, professionnels et formateurs ont participé. Assiduité et satisfaction des participants, qualité des échanges, rapprochement des trois associations, entre autres, ont mis en valeur l’intérêt de tous pour cette formation. Le confort quotidien des personnes accueillies dans les institutions est amélioré.
Cette réalisation constitue un exemple de mise en oeuvre de l’approche centrée sur le développement du pouvoir d’agir pour favoriser la promotion d’initiatives citoyennes. Il s’agit bien d’accompagner des personnes ou des communautés dans l’atteinte d’objectifs qu’elles jugent importants. Prise en compte du contexte de réalisation, négociation des cibles et modalités de changement, articulation des diverses expertises en présence, prise de conscience des composantes personnelles et structurelles jouant un rôle dans la situation à améliorer, constituent des repères autorisant une telle dynamique.
Les associations concernées par la coopération évoquée ici ont su saisir une opportunité d’améliorer la qualité de leurs interventions. L’équipe grenobloise ne fait que faciliter l’émergence et le développement des potentialités des professionnels et des administrateurs. Cette dynamique est possible car les équipes ne sont pas entravées, comme c’est souvent le cas en France, par des routines difficiles à remettre en cause : routines reposant, par exemple, sur une hiérarchie de l’origine des connaissances en présence, sur une suprématie de telle ou telle discipline, ou sur une centration sur les caractéristiques personnelles au détriment des caractéristiques structurelles de la situation. Le rapprochement des trois associations, la demande d’autres à s’impliquer dans la dynamique en cours, constitue un moyen de reconnaissance, par les autorités politiques locales et nationales, du travail réalisés par ces associations visant l’amélioration des interventions auprès de personnes en situation de handicap.

Mots clés :

Action communautaire, Co-construction, Travail social international, Développement pouvoir d'agir

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