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Convoquer les arts narratifs lors de formations portant sur l'intervention avec des familles en situation de précarité

Année : 2014

Thème : Récits de pratiques de formations articulant entre eux différents savoirs avec l'usage des arts narratifs

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

MONGEAU Suzanne (Canada) – mongeau.suzanne@uqam.ca

Résumé :


Que ce soit en milieu universitaire ou communautaire, la formation portant sur l’intervention avec des familles en situation de précarité nécessite bien souvent la mise en place d’un dispositif pédagogique particulier et ce, pour différentes raisons. En milieu communautaire, les intervenants peuvent avoir des expériences de formation et des niveaux de scolarité très différents. Ils peuvent être tous impliqués avec des familles en situation de précarité mais exercer des rôles très différents dans leurs organismes respectifs. Les étudiants quant à eux, peuvent avoir peu ou pas d’expériences d’interventions et éprouver des difficultés à se représenter les conditions de vies des familles en situation de précarité. Ceux qui arrivent de la pratique peuvent être déjà contaminés par le paradigme technique qui prévaut actuellement dans les milieux d’intervention. Aussi, que ce soit en milieu universitaire ou communautaire, le thème «famille» peut susciter des réactions à haute teneur affective. L’intervention avec des familles en situation de grande précarité peut également provoquer de l’impuissance et un sentiment d’aliénation et appauvrir ainsi la pensée des intervenants. Dans un tel contexte, il peut être tentant de glisser dans le piège d'une idéologie familialiste où la famille est perçue comme l'unique source de bonheur ou de malheur. Pour toutes ces raisons, comme formatrice, il est devenu important d’identifier un objet qui pourrait avoir un effet rassembleur, agir comme un tiers dans les situations trop émotives et stimuler des pratiques innovantes. L’usage des arts narratifs (films de fiction, romans) dans différents contextes de formation nous est apparu comme un dispositif pédagogique puissant pouvant créer un effet rassembleur, agir comme un tiers et stimuler l’imagination.

Comme formatrice, j’utilise toujours des films de fiction et des romans nous présentant des familles en situation de grande précarité et mettant en relief l’intrication entre le micro social et le macro social. Ces familles deviennent les «familles» avec lesquelles nous travaillons, apprenons, intervenons et imaginons d’autres façons de faire et d’être. Les films et les romans choisis permettent d’explorer avec sensibilité les liens familiaux et nous amènent ainsi à prendre une autre posture que celle de l’expert. En nous donnant accès non seulement à l’histoire familiale mais aussi au contexte relationnel et social en présence, ils permettent aux participants d’intégrer une optique de la complexité. Les films et les romans choisis nous aident aussi à sortir de la logique binaire «des bons ou mauvais parents» ainsi qu’à questionner les pratiques normatives. Enfin, en nous donnant accès non seulement à la souffrance mais aussi à la beauté de l’art, ils nous préservent d’un sentiment d’aliénation et d’une forme de pensée opératoire. Bref, ce dispositif pédagogique permet d’articuler entre eux savoirs réflexifs, savoirs méthodologiques, savoirs théoriques avec le savoir-faire et le savoir-être. Lors de cette présentation, nous préciserons par des exemples concrets l’usage que nous faisons des arts narratifs dans différents contextes de formation et nous présenterons le point de vue des participants sur cette façon de faire.

Mots clés :

Formation, Savoir être, Savoir-faire

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