Le travail social en réseau dans un cadre bureaucratique
Année : 2014
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
SOPI Aziz (Belgique) – aziz.sopi@gmail.com
Résumé :
Les CPAS belges ont pour mission de « permettre à chacun de mener une vie conforme à la dignité humaine ». Ils sont organisés au niveau communal et administrés par des élus locaux. Ils viennent en aide à plus ou moins 150.000 personnes par an. La principale aide octroyée est une somme d’argent (le Revenu d’Intégration) accessible à tous majeurs belges et étrangers admis au long séjour. Avant l’octroi, une enquête sociale est menée par un assistant social dont la tâche fixée par la loi est d’ aider les personnes et les familles à surmonter ou à améliorer les situations critiques dans lesquelles elles se trouvent ».
Les CPAS ont été créés au milieu des années septante pour « boucler » la sécurité sociale en permettant à ceux qui n’ouvraient aucun droit découlant d’un emploi de bénéficier d’une somme d’argent forfaitaire fixée sur le seuil le plus haut des revenus de remplacement de l’époque à savoir la pension. Aujourd’hui, les montants octroyés sont inférieurs de 20% au seuil de pauvreté calculé selon les normes SILC-UE.
Au départ, l'octroi de cette aide était peu condionnée. Une première entorse apparait en 1993 par l’établissement d’un contrat obligatoire d'insertion pour les jeunes de moins de 25 ans.
Une deuxième entorse survient en 2002 par la loi sur le Droit à l’Intégration Sociale. Le paradigme de la relation d’aide change. En 1974, les premières questions du travailleur social étaient : « Vous n’avez pas de ressources ? On vous aide financièrement, on va trouver ensemble une solution ». Elle devient en 2002 : «Qu'allez-vous mettre en place pour trouver un emploi? Si votre projet convient, le CPAS vous octroie une aide».
La troisième entorse est prévue pour 2015, il s'agit d'une modification législative qui instaure le travail obligatoire et bénévole pour les bénéficiaires d’une aide, ainsi que l'extension de la contractualisation à tous les publics.
Les premières aides financières octroyées par les CPAS étaient suffisantes pour remplir leur mission. Aujourd’hui, le cadre des demandes s’est complexifié et nécessite un accompagnement qui dépasse l’octroi d’une aide financière et englobe entre autres médiation familiale, maintien dans le logement, troubles de la santé mentale et physique ou gestion budgétaire.
L'aide financière octroyée par les CPAS aujourd’hui ne peut plus être un levier vers un mieux-vivre mais est devenu une rustine pour éviter la désaffiliation sociale des bénéficiaires d’aide.
Deux solutions de « bon sens » s’offrent aux managers des équipes de travailleurs sociaux : 1/ engager du personnel. 2/ diminuer la charge de travail en limitant le nombre de demandes ou en restreignant le panel d’aides octroyés. 3/limiter le travail social à l'analyse des demandes d'aide financière.
Ces solutions sont bien évidemment irréalistes dans un contexte financier où la dépense publique est le « mal absolu » et où un CPAS voit ses demandes quotidiennes augmenter.
La période socio-économique transitoire dans laquelle nous sommes, telle que présentée par J.Rifkin, nous donne la possibilité de travailler au développement de nos métiers avant que le cadre nous en soit imposé de l’extérieur, avec comme seule objectif la maîtrise des dépenses publics.
Le défi managérial est d’assurer aux assistants sociaux les conditions de travail et de formations leur permettant un accompagnement global des personnes précarisées.
Face à un contexte où les services publics doivent faire la même chose (voir plus) avec moins de moyens, le CPAS de Forest a décidé de faire mieux : 1/ formation des cadres aux changements organisationnels au travers des outils de la systémique organisationnelle et interactionnelle ; 2/ inclusion et dévloppement du travail social de réseau dans un environnement où la norme est le travail social individuel.
Cette approche du changement fait le pari de (re)mettre l'humain dans la pratique quotidienne des assistants sociaux.
Mots clés :
Management social, Action publique, Réseau
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