BAYER Véronique (France) – annarurka@yahoo.fr
DOUMERGUE Didier (France)

L’ambition de cette communication est de contribuer aux réflexions sur les objets dans l’action, et plus précisément dans les recherches-action. Il nous semble que la prise en compte des objets tarde à pénétrer les dispositifs de recherche-action, alors que Dominique Vinck (2009) constatait une montée en puissance de la prise en compte de la matérialité des choses (corps, artefacts) dans les sciences sociales depuis les années 1980 .
Le courant de la Sociologie de la traduction s’est particulièrement attaché à cette question afin de ne pas exclure objets et non humains de l’ensemble des actants. Pour les sociologues de ce courant, les situations sont « un ensemble d’entités humaines et non-humaines, individuelles ou collectives, définies par leurs rôles, leur identité, leur programme » (M. Callon, 1992). C’est sur cette lancée que nous voudrions penser la recherche-action à partir, cela va sans dire, des humains (chercheurs, professionnels, public) mais sans exclure les non-humains, dont les objets, à qui nous voulons donner une place entière, pour tenter de comprendre comment ces deux entités coopèrent pour exister réciproquement.
Pour illustrer notre propos, nous voudrions, à notre tour, transformer notre communication en « objet », opération qui vise à en révéler sa compétence heuristique, afin de servir de base à un échange constructif sur l’intérêt à prendre en compte les objets comme actants .
Cet objet se compose de deux exposés liés organiquement qui finissent par faire système et produire une action. Nous présenterons d’abord un exercice pédagogique, autour de l’objet dans le travail social, destiné à des étudiants d’une École de travail social, qui nous a conduits à mener une recherche-action collaborative proprement dite, dans un établissement du travail social, que nous exposerons ensuite.
L’exercice pédagogique consistait à réaliser une exposition d’art contemporain rendant visible le travail social en train de s’effectuer, par la mise en scène plastique de quelques uns de ses « objets » et, montrait comment humains et non humains participent ensemble à définir l’action sociale, éducative, tout autant que la recherche.
Pour dépasser les problèmes soulevés et approfondir l’intérêt de l’action des objets dans le travail social, il nous est apparu pertinent de poursuivre notre travail en effectuant une véritable recherche-action définie principalement par l’instauration, comme partie prenante, d’un « objet » particulier du travail social : «le dossier individuel de prise en charge » (DIPC). Le DIPC devait contribuer à cette recherche-action au même titre que des chercheurs-experts, les professionnels intervenant dans l’établissement et les usagers de l’établissement.

Formation, Recherche-action, Secteur social, objet