Insertion et accompagnement des insérés permanents?
Année : 2014
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
HAMZAOUI Mejed (Belgique) – mhamza@ulb.ac.be
Résumé :
La lutte contre le chômage de longue durée et l’exclusion est devenue au cours des dernières années un enjeu politique majeur dans les pays de l’Union européenne : partout, les pouvoirs publics expérimentent et généralisent les dispositifs d’activation de l’allocation du chômage et de l’aide sociale (politique dite «active»).
L’objet de mon intervention porte sur le glissement progressif d’une problématique à l’origine centrée sur l’emploi et la protection sociale vers une gestion de l’insertion et de traitement social du chômage.
C’est dans cette situation de glissement largement déterminée par la dérégulation des protections sociales et du marché de travail qu’un secteur de l’insertion a émergé et s’est développé.
Ainsi se dégage une zone à l’intersection de la logique du travail et de l’assistance sociale qui s’adresse à des personnes qui ne relèvent véritablement ni d’une catégorie (statut de travailleur), ni de l’autre (statut d’assisté) mais constituent des groupes produisant des activités d’un «nouveau type» (activation de l’aide sociale et de l’allocation de chômage, parcours d’insertion, employabilité, etc.).
Dans le contexte actuel de l’ébranlement de l’Etat social, de la dégradation de la condition salariale et de l’affaiblissement de liens sociaux, que signifie la mise en œuvre d’une politique d’activation, d’accompagnement et d’employabilité ? Il nous semble impossible d’examiner la mise en œuvre de cette politique sans la replacer dans le contexte de l’émergence d’une société d’insertion qui vise à responsabiliser les personnes en situation de chômage et de précarité. Dans une logique de responsabilisation et de contrepartie l’insertion ne risque-t-elle pas d’être détournée de son sens premier pour servir un référentiel d’appréciation de la performance sociale des individus en situation de précarité?
Pour répondre à ces questions, nous essaierons d’une part, de replacer la politique d’activation dans le processus d’affaiblissement de l’Etat social et de la société salariale. D’autre part, nous tenterons d’analyser les enjeux et les limites d’une conception de responsabilisation et de contrepartie réduite à une démarche procédurale et un instrument de gestion de la précarité.
Cette communication est le résultat d’une série des travaux de recherche évaluatives des politiques d’insertion et d’employabilité, menés dans le cadre de l’Institut de sociologie de l’Université Libre de Bruxelles.
Mots clés :
Activation sociale, Contrepartie aux droits sociaux, Gestion des risques, insérés permanents, magistrature sociale, traitement social individualisé
← Retour à la liste des articles