Pourquoi tenons-nous tant au collectif ?
Année : 2014
Thème : Recherche-action, pédagogie et formation
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
TOURRILHES Catherine (France) – catherine.tourrilhes@orange.fr
LEVIVIER Ana Paula (Brésil) – fragap.lev@free.fr
Résumé :
Axe 3
Nous tenons au collectif parce que nous croyons que toute transformation sociale passe par les actions collectives. Dans ce sens, notre communication portera sur la place de la recherche-action dans la promotion de l’action collective à partir de la formation des travailleurs sociaux. Il y a lieu de repenser la pédagogie dans cette formation et, cela d'autant plus, dès la formation initiale ! Cela, pour ancrer l'expérimentation et l'apprentissage du travail en collectif – le « penser-agir » à plusieurs –, ce qui est pour nous un chemin dans la lutte contre l'individualisme des tendances néolibérales unilatérales, par exemple, la psychologisation, la judiciarisation, la médicalisation, la marchandisation…, des formes de penser et d'agir concernant aussi bien les problèmes de société que leurs solutions.
La formation en alternance risque de reproduire le clivage entre la théorie dispensée dans le centre de formation et la pratique apprise de manière individuelle sur le terrain de stage. En créant des groupes de recherche et en instaurant une dynamique de va-et-vient entre centre de formation, terrains, publics du travail social, formateurs, chercheurs, professionnels, nous luttons contre ce clivage et contre les cloisonnements qui en découlent et qui sont lisibles concrètement par les divisions du travail (rôle, places, fonctions) et par la hiérarchisation des savoirs. Ce qui nous amène à penser la formation en petits collectifs d'investigation faisant des ponts et des traductions entre les différents mondes, langages, métiers, populations, rythmes, cultures... qui peuplent le travail social.
La recherche-action, telle que nous la pratiquons comme pédagogie, se prête à la mise en situation des processus inductifs : nous interrogeons les étudiants à partir de leurs expériences exploratoires professionnelles et de vie, qui les ont amenés au choix du métier. Les étudiants sont en transversalité (ES, ASS, EJE) au même titre que l'équipe de formateurs : un collectif interdisciplinaire et interprofessionnelle représentant la multiréférentialité, l’hétérogénéité et l’articulation de regards pluriels. Chacun – formateurs et étudiants – est sollicité dans sa curiosité, son enthousiasme, ses questionnements, dans les faits qui ont marqués les trajectoires vers le travail social. Ces divers éléments réunis devront faire lien et sens entre les étudiants eux-mêmes, afin qu'ils se fédèrent pour la constitution de groupes de recherche. Une fois constitués autour d'un « même » qui porte les traits de chacun individuellement, le groupe devra se plonger dans les terrains (professionnels et publics), afin d'étoffer et de nourrir la démarche collective de recherche qui se co-construira petit à petit dans cette dynamique émergente.
Notre pari « recherche-action pédagogique » est tenu par l'espoir de laisser des traces dans la construction des postures professionnelles futures. Traces enracinées dans la réflexivité, dans le recul et la tension critiques, dans l'humanité des constructions communes, faites de doute, d'incertitude, de confiance, d'attitudes humbles, d'échanges et de respect des cheminements individuels comme pâte commune aux espaces du travail social.
Mots clés :
Quête du sens, Participation, Espace démocratique
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