Quand l’éducateur spécialisé en formation mène l’enquête pour s’enrichir de la complexité des situations

Année : 2014

Thème : ATELIER EXPERIMENTAL

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

EDME Stéphane (France)
GAUCHER Fabienne (France)
SIMONOT Jean-Marc (France) – jmsimonot@gmail.com

Résumé :

Le travail de réflexion et de rédaction induit par le mémoire préparé en vue de l’obtention du diplôme d’éducateur spécialisé représente pour certains étudiants un espace d’épanouissement mais pour la plupart il s’agit d’une « épreuve » voir même d’un réel voyage initiatique pour celles et ceux qui mettront finalement en face d’eux les cinquante pages fatidiques. Qu’attend-on de ce travail ? Non pas une prouesse intellectuelle mais bien plutôt l’expérience intime et singulière de la rencontre avec l’autre. Une rencontre de l’autre dans son altérité mais aussi dans l’écheveau des émotions et des interactions que fait nécessairement vivre le déploiement de la relation. C’est ainsi qu’apparaît un paysage qui attire le regard. La tempête a soufflé, les éléments du puzzle sont là mais comment les assembler ? Que faire des missions avec les émotions ? Que faire de l’histoire lorsqu’il s’agit d’avenir, de projet ? Où se placer ? Faut-il choisir le plus haut sommet ou la petite rivière presque asséchée ?
Cette démarche qui s’apparente à un voyage n’est pas toujours simple à réaliser et les différents constats et observations mettent en exergue un étudiant souvent surpris, désemparé, parfois réticent à travailler autour du registre de ses propres émotions. Dans un même mouvement il évacue celles de « l’autre », se privant d’une intelligence et d’une grande partie du sens de son travail.
Comment sortir de cette étanchéité entre l’émotionnel et l’intellectuel au profit d’une intelligence créatrice et évolutive ?
Nous souhaitons partager ici sur la création d’un atelier expérimental mené à dans un centre de formation pour travailleurs sociaux (IREIS) au printemps 2014. Cet atelier se veut comme un mobilisateur de « l’esprit de recherche » en tant que posture de travail et d’étude chez l’étudiant l'apprenant des métiers du social. Pour cela, il nous fallait une pédagogie du détour. Une façon surprenante d’enseigner afin que le parfum de « déjà vu » ne vienne pas trop tôt nous mettre sur la touche. Il fallait aussi que cet atelier donne lieu à des productions créatives déclencheuses d’implication personnelle chez l’étudiant pour que la réflexion prenne corps et chaire, ouvrant ainsi dans le champ de la pensée en prenant appuis sur la matière.
Le choix a été fait d’utiliser la médiation artistique et le processus de création comme méthode pédagogique. Pour renverser l’ambivalence émotionnelle dans laquelle se trouve l’étudiant nous avons retenu le concept « d’enquête » donnant naissance à une « carte heuristique » où il s’agira pour lui d’identifier l’ensemble des signes, indices et traces à propos d’une situation d’accompagnement qui l’interroge, le mobilise, fait résonnance en lui. Matériaux exhumés d’un vécu professionnel où la relation apparaît, non plus seulement comme ce lien tissé , lié, relié et en finitude délié de l’autre, mais comme un objet « esthétique » au sens où la dimension émotionnelle du lien y est (« enfin ») reconnue. Graphisme, écriture, œuvres d’Art sont au menu de cette enquête, introspection ludique, symbolique et métaphorique sur fond d’énigme.

Mots clés :

Intervention sociale et travail social, Complexité, Méthodologie, innovation pédagogique

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