Un espace de formation comme lieu d’expériences, pour problématiser autour des vulnérabilités et des souffrances psychiques, en lien avec la précarité et l’exclusion.
Année : 2014
Thème : Enjeux pour l’intervention socio-éducative des travailleurs sociaux en formation
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
HERAUT-PEMARQUE NADINE (France) – nheraut@erasme.fr
SANTIAGO SANZ Henri (France) – hsantiagosanz@erasme.fr
Résumé :
Depuis une dizaine d’années nous animons un module d’approfondissement sur ce thème pour des travailleurs sociaux en fin de cursus. Cet effort de transmission pour étayer et renforcer l’action socio-éducative auprès des populations précarisées nous a demandé de suivre au plus près ces populations, voire d’aller sur leurs territoires résidentiels…. Dans notre société libérale, le contexte de la précarité s’impose comme allant de soi. Nos modalités pédagogiques pour arriver à cerner la tension qui existe entre souffrances mentales et précarité ont exigé de multiples rencontres avec les différents acteurs en amont pour mieux cerner le sujet. De ces faces à faces souvent ouverts du côté du soin (services de pédo-psychiatrie, point/écoute jeunes, RAP 31, UNAFAM, GEM, équipe mobile, etc…) et du social (boutique solidarité, case santé, halte santé, maison Goudouli) nous avons retiré des hypothèses. Certes la nature des troubles des personnes vient parfois déstabiliser le travailleur social et sa difficulté pour prendre la personne en compte impacte directement sur sa possibilité d’insertion. Autrement dit, on demande au travailleur social de répondre là où l’Etat est défaillant. A partir de ce constat nous avons fait évoluer l’orientation du module vers des équipes qui interviennent au coeur ou sur les bords du travail social « reconnu ». Pour se faire la façon dont ces équipes parlent du travail social est fortement référée à du militantisme ou/et à une certaine approche clinique. Notre parti pris de nous déplacer avec les étudiants sur les lieux ancrés dans un terreau très engagé, nous laisse penser que c’est par ce bout que l’étudiant approchera la complexité du travail social...
Cependant pour problématiser il nous a semblé utile de travailler en petits groupes autour de textes fondateurs (Furtos, Maisondieu) et de regarder des films porteurs (Histoire de la folie, San Clemente, La moindre des choses…) C’est par l’interaction, l’ouverture au débat d’idées, toujours en lien avec un formateur permanent et en instituant un fil rouge à la fin de chaque cycle (4 fois 3 jours) que les représentations et la construction des questions deviennent plus prégnantes, moins timides, plus opérationnelles… Cette construction pas à pas toujours soutenu par un retour partagé des uns et des autres permet de dépasser les ressentis, les affects pour prendre en compte dans chaque expérience les potentialités, les ressources, les forces qui se dégagent de ces tentatives de « vivre ensemble »… C’est à partir de ce montage que nous rendons visible les « sans voix »(G.Le Blanc), que nous pouvons ensemble décortiquer ce qu’on entend par syndrome d’exclusion (Maisondieu) où nous servir des notions énoncées par R.Castel dans son schéma sociologique de l’exclusion où il s’emploie à expliquer les notions de vulnérabilité, intégration, désaffiliation, et assistance… En fin de cycle, nous serons attentifs à donner la parole à chacun d’abord par le passage à l’écrit d’un questionnaire individuel et ensuite par l’ouverture que chacun voudra bien apporter dans la discussion de bilan. Cet espace de création (Winnicott) nous permettra d’envisager la transformation de l’action à venir…
Mots clés :
Travail social international, Pratiques en réseaux, Secteur socio-éducatif
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