MOLINA Yvette (France) – yvettemolina78@gmail.com

Les normes et les valeurs, intrinsèques au travail social, de part leurs caractéristiques humanistes et engagées, nous amènent à penser que les travailleurs sociaux partagent tous, de façon implicite ou non, une forme d’engagement professionnel, voire de militance. Cependant, la distinction entre engagement professionnel et engagement personnel doit être questionnée. S’agit-il pour devenir travailleur social d’être engagé ? En effet, nous observons que l’engagement personnel est l’une des variables prises en compte lors des sélections des candidats souhaitant intégrer les établissements de formation.
Nous centrant dans un premier temps sur les nouvelles générations, nous pouvons nous questionner en quoi cet engagement personnel impacte-t-il, une forme d’engagement professionnel à travers le processus de professionnalisation tant lors de la formation théorique que pratique à travers les stages notamment dans une perspective de transmission des habitus professionnels ?
La deuxième interrogation que nous posons est celle relative aux évolutions en cours tant du point de vue des formes d’engagement que de leur articulation avec la nouvelle gestion du social. Les différents travaux sociologiques portant sur l’engagement ont démontré que les formes qu’il recouvre ont évolué dans le temps à travers des contextes socio-historiques bien différenciés (engagement religieux, politique, humanitaire, altruiste, « les sans papiers », « les sans logis », les altermondialistes, etc.)
S’agissant des jeunes générations des professionnels du travail social, nous faisons l’hypothèse que les nouvelles formes d’engagement personnel, s’accommodent mieux du modèle libéral de la nouvelle gouvernance du social.
Ainsi pourrions-nous avancer que les jeunes professionnels socialisés professionnellement dans ce nouveau contexte managérial sont plus conformes aux nouveaux modèles de gouvernance.
Nous examinons à travers cette communication les effets de ces transformations. Quel héritage, quelle transmission des anciennes générations vers les nouvelles ? Si nous avançons que les valeurs et les principes du travail social constituent des ressources socles pour l'interventionsociale, nous pouvons poser la question centrale de la transmission de ces points d’ancrage dans le contexte de la nouvelle gouvernance. Autrement dit, et au-delà de la transmission, quelles sont les répercussions de ces évolutions pour les anciens qui ont connu d’autres références que le modèle libéral dans la gestion du social en termes de pratiques professionnelles, de ses effets comme le burn out des professionnels ?
Pour cette communication, nous présentons dans un premier temps une clarification du cadre théorique de l’engagement personnel à l’engagement professionnel et ses évolutions dans la société. Nous abordons ensuite, par un bref retour historique les valeurs et les principes éthiques des professions du travail social dites canoniques. Dans un troisième temps, nous dégageons comment les anciens travailleurs sociaux et les modernes parviennent à s’accommoder ou non de la nouvelle gouvernance entre crises et exécution. Nous repérons notamment, les transformations que cela implique en termes de professionnalité sous l’angle des activités mais aussi du rapport de ces dits professionnels aux différents acteurs de l’intervention (publics, élus, partenaires, hiérarchie,…).
Au-delà du cadre théorique de la sociologie des professions et de l'engagement, nous appuyons notre réflexion sur une démarche empirique alimentée par des entretiens biographiques menés auprès de professionnels, des cadres d’action sociale ainsi que des jeunes candidats souhaitant intégrer la formation en travail social. Ce recueil de données sera extrait d’une enquête qualitative par entretiens menée dans le cadre d’une recherche en cours pour une thèse de doctorat en sociologie des professions du travail social.

Culture professionnelle, Professionnalisation, Intervention sociale et travail social, engagement, valeurs,