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La formation des cadres dans les mailles de l’efficience des dispositifs, du management d’équipes et de l’émancipation des usagers

Année : 2014

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

THOMASSET Elisabeth (France) – e.thomasset@ifts-asso.com
GARNIER SAMUEL (France) – s.garnier@ifts-asso.com

Résumé :

Les précarités ne cessent d’augmenter et se manifestent sous des formes diverses. Les pouvoirs publics afin de pallier les difficultés générées par un contexte socioéconomique en tension multiplient les dispositifs et l’encadrement des pratiques des professionnels de l’intervention et de l’action sociale. A l’instar d’Edgar MORIN, force est de constater que nous sommes en train de changer de paradigme et qu’il est nécessaire de développer une pensée complexe pour faire face à la complexité des situations.
Les cadres que nous formons à l’Institut de Formation des Travailleurs Sociaux d’Échirolles doivent être formés à ce défi : trouver de nouvelles modalités d’action et de décision pour accompagner les personnes vulnérables. Les centres de formation ont une responsabilité dans la production des acteurs à laquelle ils ne peuvent pas déroger. Comment permettre aux étudiants de développer une pensée réflexive et réfléchie de l’action sociale ?
Les pratiques des cadres peuvent parfois sembler se résumer à des activités de mise en conformité et de performance de l’organisation oubliant par là-même leur mission première, l’accompagnement des personnes en situation de vulnérabilité (logique opératoire versus logique libératoire). Comment éviter que ces étudiants ne soient pas dans une logique « agentique » (cf. MILGRAM et BEAUVOIS) ?
Lorsque nous intervenons auprès de professionnels ou auprès d’étudiants dans nos formations, ils attendent bien souvent que nous leur apportions des solutions simples et pratiques, des techniques très opératoires pour sortir des dilemmes et tensions dans lesquelles les situations qu’ils éprouvent les convoquent.
Nous sommes toujours vigilants et veillons à ce que l’efficience recherchée par les professionnels pour les usagers ne devienne pas une aliénation de plus enfermant les personnes concernées par l’intervention ou l’action sociale. Comment soutenir l’idée que l’usager puisse expérimenter par lui-même ses capacités et puissent être dans un processus d’auto-efficacité ? Si les équipes pédagogiques montrent l’importance de réfléchir ensemble sous le mode de co-construction, peuvent-elles favoriser « l’apprentissage social » (BANDURA) des étudiants ?
Pour répondre à ce défi pédagogique, il nous faut innover, bricoler (au sens de LÉVI-STRAUSS, 27). C’est toute l’institution qui porte cette question (cf. projet d’établissement). Depuis un an nous tentons de dépasser le paradoxe dans lequel les cadres se trouvent parfois piégés : comment concilier efficience des dispositifs, management d’équipe et émancipation des usagers ?
En prenant appui sur la journée d’étude que nous avons mise en place en avril 2014, sur nos interventions sur les terrains professionnels et sur l’accompagnement pédagogique des étudiants en formation d’encadrant (cadres intermédiaires et cadres de direction), nous tenterons d’apporter un éclairage sur cette question.
Comment accompagner ces dissonances cognitives dans le processus de formation pour éviter les effets pervers de tels conflits psychiques ? Comment favoriser, en tant que formateurs, le champ des possibles (le Développement du Pouvoir d’Agir) ? En quoi la formation permet-elle d’affronter les tensions actuelles et à venir dans la fonction de cadre ?
Pour répondre à ce questionnement nous allons administrer un questionnaire auprès des étudiants en formation de cadres au sein de notre établissement et auprès de professionnels. Il s’agira en fonction du contexte des répondants de discerner les espaces de dissonances et de congruences que les cadres (ou futurs cadres) affrontent. Ainsi nous proposerons une réflexion sur la manière de préparer les futurs professionnels pour éviter qu’ils ne deviennent de simples exécutants de prescriptions institutionnelles, entrainant ainsi dans leur sillage les professionnels et in fine les personnes concernées.

Mots clés :

Professionnalisation, Participation, Responsabilité, encadrement

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