BÉLANGER Eve (Canada) – eve_belanger@uqar.ca
GENEST DUFAULT Sacha (Canada) – sacha_genest-dufault@uqar.ca
Côté Isabelle (Canada) – isabelle_cote@uqar.ca

Au Québec comme ailleurs dans le monde, la profession du travail social est l’objet de changements importants. Ce phénomène s’inscrit dans un contexte social, économique et politique en mouvance qui a conduit à revoir les pratiques cliniques et administratives et a posé de nouveaux défis aux gestionnaires et aux professionnels de la santé et des services sociaux. On parle par exemple des représentations de plus en plus variées des problèmes sociaux, de restructuration dans les réseaux publics et communautaires et de modifications législatives des pratiques professionnelles (Mayer, 2002). Ce contexte de possible fragilisation des services sociaux, combiné à une multiplication et une fragmentation des vulnérabilités individuelles et collectives peut conduire les futurs intervenants sociaux à s’inscrire dans une logique d’impuissance. Que peuvent ces derniers devant les problématiques complexes des personnes avec qui ils seront amenés à œuvrer ? Comment peuvent-ils à la fois s’intégrer dans des milieux de pratique en restructuration tout en préservant un esprit critique ? Comment éviter le discours de la plainte et plutôt miser sur un souci de soi ? (Chouinard et Couturier, 2006). Les universités sont directement interpellées par leur mission de former des travailleurs sociaux professionnels, compétents et répondant aux multiples prérogatives des différents systèmes et milieux dans lesquels ils exerceront.

La formation pratique joue, en ce sens, un rôle prédominant quant au devenir des futurs professionnels. C’est un axe central des programmes universitaires en travail social. Ainsi, cette communication portera globalement sur ce volet de la formation et son incidence quant à la réappropriation du pouvoir d’agir des travailleurs sociaux en devenir. En effet, la formation pratique offre l’opportunité aux étudiants d’expérimenter le processus de l'intervention sociale qui intègre l'ensemble des compétences professionnelles de l’une ou l’autre des trois méthodes souvent privilégiées soit l’individuel/familial, le groupe ou le collectif. Cela peut déjouer la tentation de répondre de manière isolée et compartimentée à des problématiques plus globales. Ce contexte d’apprentissage pratique pose de nombreux défis qui concernent, entre autres, le volet de l’accompagnement des étudiants. Les stages, quelle que soit leur forme, ont donc pour objectif de former des praticiens réflexifs et engagés (Schön, 1996). Alors, comment les guider vers une autonomie et une identité professionnelle fortes ? Comment les accompagner à s’approprier leur développement professionnel continu ?

Malgré son importance capitale dans le parcours des étudiants, ce volet de la formation est encore peu documenté dans les milieux professionnels et scientifiques. Il est essentiel de partager ces expertises afin de développer davantage ce champ d’enseignement et de recherche que représente la formation pratique en travail social. Cette communication s’inscrit dans l’axe 2 du colloque : La créativité des pratiques dans une situation de pouvoir faible des intervenants sociaux. Le but visé est ainsi de partager l’expérience de concertation d’un groupe de formateurs provenant de trois universités au Québec et leur modèle d’accompagnement pédagogique innovant en contexte de stage clinique. Minimalement, deux dimensions de cette approche seront abordées, soit la formation adaptée des superviseurs de stages, de même que l’utilisation d’outils réflexifs tels les groupes de codéveloppement professionnels.

Formation, Intervention sociale et travail social, Education tout au long de la vie