Quelles orientations pédagogiques pour activer l'esprit collectif ?
Année : 2014
Thème : Quand l'innovation pédagogique répond aux enjeux individualistes
Type : Forum, GT, Carrefour
Auteur(s) :
OUAHAB Saleha (France) – souahab@irtsnpdc.fr
BA Sylvie (France) – basylvie@hotmail.fr
NINI Keltoum (France) – keltoumnini@gmail.com
Résumé :
M. Autès met en avant un paradoxe : « le travail social est mobilisable pour une gestion tatillonne et experte des exclus, tout autant que pour une résurgence une rénovation de la citoyenneté. Il peut être un formidable outil de contrôle social ou un puissant levier pour la conscientisation et l’invention du social. » (p.149). Comment favoriser la deuxième perspective dans un contexte (profils des étudiants, nouvelles technologies et réseaux sociaux....) où tout joue en faveur du premier. Nous avons sur le site IRTS Côte d’Opale depuis quelques années, voulu favoriser la créativité, la mobilisation et la participation des étudiants à des causes communes afin de permettre l’élaboration d’une conscientisation dans le sens d’une « conscience collective » (E. Durkheim) des futurs travailleurs sociaux. Cette perspective amenée par la cadre pédagogique s’est confrontée à une contradiction fondamentale : peut-on « obliger » l’implication par une demande pédagogique institutionnelle ? Comment aider les étudiants à se construire en tant qu’acteur une « éthique de conviction » (M. Weber). L’idée a donc été de favoriser l’action pédagogique de quelques étudiants, investis dans des actions communautaires, afin d’amener leurs pairs à s’impliquer davantage. Notre démarche combine des méthodes pédagogiques axées sur la participation active qui permettent de renforcer et de développer des capacités de résistance, d’engagement estudiantins en faveur de l’esprit collectif et des valeurs communautaires et fondamentales du travail social. Cette démarche a été impulsée par plusieurs questionnements : le manque de mobilisation est-il dû au de profil des étudiants de plus en plus jeunes. Le manque d’implantation des associations sur notre territoire crée-t-il un manque de culture de la pratique associative? Comment créer un processus dynamique et évolutif progressif afin de favoriser l’adhésion et la participation à des actions engagées dans la lutte contre l’exclusion et les inégalités ? Rester ancré sur la seule idée de solidarité est apparu insuffisant, il fallait donner l’envie, susciter l’intérêt pour l’action communautaire (« solidarité mécanique ») ; face à une société de plus en plus individualiste, égoïste (« solidarité organique »). Comment concilier les deux ? Doit-on partir de la base d’intérêt personnel pour soutenir l’intérêt collectif (A. Smith) et donc créer un sentiment de solidarité altruiste en se servant du « pur égoïsme » ? Nous voulons ainsi dans le cadre de ce forum questionner la formation des travailleurs sociaux afin d'optimiser une implication militant en faveur de l'esprit collectif. Ce témoignage part du principe que le sens et les modalités de l’intervention sociale découlent d’une dynamique économique et politique. Le système tend à nous inscrire dans une normalisation et une routinisation de l’acte éducatif. Comment, dans nos pratiques professionnelles, palier à la transmission de cette routinisation ? Celle-ci risque de nous cantonner à un rôle d’exécutant que nous refusons. De la position d’étudiant en travail social, cette problématique nous a questionnés. Nous avons donc voulu nous rendre acteurs de notre formation en créant plusieurs associations afin de créer et d’entretenir un réseau offrant une alternative à un accompagnement pédagogique de plus en plus normalisé, scolaire et formaté. C’est donc un travail sur l’identité collective objective des étudiants, futurs professionnels souvent restreinte à quelques appellations comme « apprenants » ou « stagiaires ». Cette approche participative et associative de la formation en travail social, pour nous, contribue à l’enrichissement de nos savoir-être, savoir-faire et savoirs en favorisant nos propres expériences et en nous mobilisant comme acteurs à part entière du devenir de notre profession. Notre démarche ne s’est pas effectuée sans embuches et c’est avec le soutien de la cadre pédagogique que nous sommes parvenus à des résultats positifs. La question actuelle est de trouver des orientations pédagogiques pour pérenniser l'esprit collectif ?
Mots clés :
Vivre ensemble, Lien social, Conscientisation
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