Travailleurs sociaux diplômés à l'étranger: les enjeux et les défis du transfert de leurs connaissances à la réalité montréalaise.

Année : 2014

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

ETHIER STÉPHANIE (Canada) – ethier.stephanie@gmail.com
PULLEN SANSFACON Annie (Canada) – a.pullen.sansfacon@umontreal.ca

Résumé :

La mobilité internationale de la main-d’œuvre professionnelle est un phénomène grandissant et le champ du travail social n’échappe pas à cette tendance (Pullen Sansfaçon, Brown, & Graham, 2012). Ainsi, on note que de plus en plus de travailleurs sociaux ayant été formés à l’étranger s’établissent au Canada dans le but de poursuivre leur carrière professionnelle. Afin de trouver un emploi, ces derniers doivent obtenir une reconnaissance d’équivalence de diplôme, un processus qui diffère d’une province à l’autre. Certaines provinces font appel à l’Association canadienne des travailleurs sociaux pour évaluer les demandes, pendant que d’autres gèrent le processus et les règlements de manière plus indépendante. En comparaison du nombre d’écrits relatant l’expérience d’autres professionnels immigrant au Canada (par exemple, les enseignants, les infirmières, les médecins), les recherches ciblant spécifiquement le point de vue des travailleurs sociaux immigrants se font plus rares. Cela dit, la question des enjeux entourant l’expérience de ces praticiens en est une qui prend tout son sens dans nos sociétés pluriculturelles, mais également dans le contexte d’un réseau de services sociaux en mouvance tel qu’il l’est actuellement au Canada.

Bien que le travail social soit ancré dans des principes reconnus internationalement (International Federation of Social Workers, 2012), il s’agit d’une profession considérablement influencée par les contextes de pratique locaux (Mayer, 2002; Horner, 2009; Blewett et al, 2007; Fouché and Beddoe, 2012). On observe que le travail social revêt de multiples identités. Ces disparités conduisent, selon certains auteurs, à une difficulté à transposer le travail social dans d’autres contextes (Fouché et coll., 2013). Dès lors, il devient pertinent de s’interroger sur la transférabilité de la profession d’un pays à l’autre. Pour ce faire, il faut mieux comprendre l’expérience de ces travailleurs sociaux internationaux et l’influence de leur acquis (par exemple, valeurs, héritage culturel, études et expériences professionnelles) sur leurs interventions en travail social en terre d’accueil. Cette présentation a pour but d’explorer l’expérience professionnelle de travailleurs sociaux diplômés à l’étranger et pratiquant actuellement dans la grande région montréalaise. Plus particulièrement, il sera question des enjeux et défis liés au transfert des connaissances, de l’expérience professionnelle et des valeurs acquises à l’étranger, à leur nouveau contexte de pratique.

Les résultats présentés dans cette communication font partie d’un projet de recherche pancanadien financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, qui analyse l’expérience des travailleurs sociaux migrants et leur adaptation professionnelle dans la pratique du travail social au Canada (Pullen Sansfaçon, Brown et Graham, 2011-2012 et 2012-2015). Cette recherche qualitative repose sur une méthodologie faisant appel à la théorisation ancrée. À travers deux vagues de collectes de données, des entrevues semi-dirigées accompagnées de vignettes cliniques ont été réalisées auprès de 21 travailleurs sociaux diplômés à l’étranger et ayant immigré à Montréal au cours des 10 dernières années (N=21).

Les défis de l’immigration et les enjeux liés au transfert des connaissances suggèrent des zones de vulnérabilité pour les travailleurs sociaux diplômés à l’étranger et pratiquant au Canada. Il y a certes un nombre considérable de connaissances se transférant plus facilement d’un pays à l’autre. Toutefois, on observe plusieurs lacunes contextuelles, en matière de politiques sociales, de questions législatives et de références culturelles. Dans ce contexte, on retiendra que la contribution des milieux de pratique, par le biais d’activités d’orientation, de supervision et de mentorat, est déterminante pour combler cet écart et ainsi, renforcer l’identité professionnelle de ces praticiens venus d’ailleurs.

Mots clés :

Intervention sociale et travail social, Transfert des connaissances, Interculturel

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