Le bien-être des usagers face aux indicateurs de performance.

Année : 2014

Thème : Changement de modèle de l’IAE et tensions professionnelles pour ses responsables de structure ?

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

BALZANI Bernard (France) – bernard.balzani@univ-lorraine.fr

Résumé :

D’octobre 2011 à Septembre 2012, une étude qualitative a été conduite auprès des responsables de SIAE sur un département français (environ 15 permanents mais 21 structures sur les 38 du département), sur le déni de reconnaissance de leur activité mais également sur le fonctionnement de leur structure, a permis d’appréhender la nature et les processus de construction du problème de reconnaissance chez les responsables des SIAE. Ce premier travail a permis de rédiger un chapitre d’ouvrage collectif, à paraître aux PUR en 2015, sur le sujet.
Dans un second temps, une nouvelle analyse des entretiens a apporté des matériaux riches sur la problématique du bien-être des salariés en insertion et permettant d’interroger la nature de l’intervention sociale des SIAE au regard de la multiplication des précarités sur le territoire observé. Et c’est ce second axe que nous souhaitons privilégier dans la contribution proposée.

Plusieurs pistes de réflexions seront exploitées pour cette communication si elle était acceptée :
1 – Quelle définition du bien-être est donnée par les acteurs de l’insertion ? L’analyse des actions produites par les SIAE pourra alimenter ce premier questionnement, notamment en regard de la finalité et du sens de cet « objectif » (que signifie le bien-être d’un salarié en insertion ?). C’est aussi se poser la question en termes de partenariat : avec quels acteurs cette finalité est-elle partagée ?
2 – La problématique du bien-être est-elle un axe des politiques publiques de lutte contre les exclusions ? Le fait de l’exclusion du domaine d’application de la loi 2002-2 pour les acteurs du champ de l’IAE est certainement un indicateur d’une certaine mise à distance de cette question.
3 – La problématique du bien-être configure les pratiques professionnelles des responsables de SIAE ainsi que leur équipe d’intervenants. Peut-on, à cette occasion mettre en évidence une caractérisation des postures et une typologie des responsables de SIAE ?
4 – La problématique du bien-être permet-elle de constituer un nouveau cadre de l’action : fondé sur l’empowment et le développement territorialisé, sans compter le défi citoyen que propose l’accompagnement des populations en grande difficulté dans notre société salariale.

Sur ce dernier point, l’approche par l’empowerment permet l’émergence d’un processus d’émancipation et d’affirmation des professionnels tant au niveau individuel que communautaire. Une telle initiative implique la participation de tous les acteurs dont la population pour un territoire. Cette démarche rompt avec le cadre actuel de l’intervention sociale fondé sur la gestion bureaucratique des problèmes sociaux. L’empowerment repose en effet sur une méthodologie inclusive et participative aux fins de définir un modèle alternatif de développement avec et pour les populations. W. Ninacs le définit comme un dispositif développant les capacités de choisir et de décider, et, permettant l’appropriation d’une capacité d’agir [2008]. L’enjeu réside dans la capacité à mobiliser les moyens de participation, de communication, de capitalisation et de valorisation des compétences, et, d’émergence du sentiment d’appartenance. Une telle démarche implique au préalable de rompre avec les cadres psychosociaux existants. En somme, pour atteindre ce niveau communautaire, chaque SIAE doit être empowered, c’est-à-dire acquérir une capacité d’action reposant sur quatre plans : la participation, les compétences, la reconnaissance (se reconnaitre et se faire reconnaitre ensuite comme légitime et compétent) et la conscience critique (capacité d’auto-analyse de l’organisation et clarification des enjeux).

Nous essayerons de répondre à ces 4 questions lors de la communication au colloque, pour tenter de comprendre si les SIAE peuvent être des acteurs de liens sociaux recréés et de nouvelles formes de citoyenneté.

Mots clés :

Usager, Solidarité de proximité, Territorialisation

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