Femmes, violence et précarités
Année : 2014
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
ROY Valérie (Canada) – valerie.roy@svs.ulaval.ca
DAMANT Dominique (Canada) – dominique.damant@umontreal.ca
CHBAT Marianne (Canada) – mariannechbat@hotmail.com
Résumé :
Depuis le milieu des années 1990, on assiste à la montée de discours antagonistes au sujet de la violence des femmes. Certains soutiennent que la violence des femmes s’inscrirait dans un rapport symétrique et équivalent à celle des hommes. D’autres s’opposent à une telle lecture et affirment l’importance d’adopter une analyse féministe de la violence des femmes, du fait que les femmes occupent des positions inégalitaires par rapport aux hommes en raison de leur genre. Dans cette optique, les femmes qui exercent de la violence semblent avoir une longue histoire de victimisation et plusieurs d’entre elles ont été victimes de violence conjugale. Elles vivent dans des conditions de vie plus précaires, après avoir été exposées à des difficultés familiales et de la pauvreté dans leur enfance. Certaines d’entre elles ont été initiées à la criminalité dans leur famille, notamment en étant forcées à voler ou à se prostituer par leurs parents. À l’âge adulte, elles sont susceptibles de connaître des problèmes de santé de mentale et de toxicomanie et sont souvent des mères monoparentales. Ainsi, de nombreux auteurs s'accordent sur la nécessité de développer des programmes qui répondent aux besoins spécifiques des femmes qui exercent de la violence et ce dans une perspective féministe. Dans cette perspective, un partenariat entre des chercheures universitaires, des groupes de femmes ainsi que des femmes vivant le problème a mené au développement d’un programme d’intervention de groupe basé sur le féminisme intersectionnel. Ce programme vise à soutenir les femmes dans l’adoption de comportements alternatifs à la violence dans une perspective de changement social en tenant compte de leur socialisation et de leurs conditions de vie. Ce programme fait présentement l’objet d’une évaluation qualitative par le biais d’une recherche-action participative féministe. À ce stade-ci, treize entrevues ont été complétées avec les femmes avant le début du programme, et dix d’entre elles ont été rencontrées à nouveau à la fin. S’appuyant sur des résultats préliminaires issus de cette recherche, la présente communication a pour objectif de présenter les conditions de vie dans lesquelles évoluent les femmes qui participent au programme et de discuter des implications sur le plan de l’intervention. Dans un premier temps, la communication fera un bref état des connaissances sur la violence des femmes. Le programme d’intervention et la méthodologie de recherche pour l’évaluation seront ensuite présentés. Puis, les résultats des entrevues auprès des femmes seront rapportés, notamment sous l’angle de leurs conditions de vie, de leurs expériences de victimisation et d’utilisation des services. Ces résultats mèneront à discuter des implications des précarités dans lesquelles évoluent ces femmes pour l’intervention. Ces implications concernent certes le rapport des intervenantes à ces femmes, à l’évaluation de leur violence, et au travail avec elles, mais s’étendent aussi à la nécessité et à la responsabilité des intervenants sociaux d’agir sur les facteurs structurels qui les précarisent.
Mots clés :
Femmes, Action de groupe, Recherche-action
← Retour à la liste des articles