Une recherche par les pairs en protection de l'enfance
Année : 2014
Thème : Vers le renouvellement des connaissances et la construction d'une action collective
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
ROBIN Pierrine (France) – pierrine.robin@u-pec.fr
MACKIEWICZ Marie Pierre (France) – marie-pierre.mackiewicz@u-pec.fr
Résumé :
A partir d’une recherche « par les pairs » sur la transition à l’âge adulte après une mesure de protection de l’enfance, soutenue par l’ONED, les Conseils généraux du 92 et du 94, la Fondation d’Auteuil et SOS Villages d’Enfants, et conduite par un collectif de recherche tripartite (institutions, chercheurs, jeunes sortant da protection de l’enfance), dans un « espace collaboratif » négocié entre chercheuses universitaires, jeunes sortant de la protection de l’enfance, et praticienne réflexive, nous chercherons à comprendre en quoi cette approche peut participer au renouvellement des connaissances, des pratiques et des organisations.
A un moment où la science doit faire face à une double crise de scientificité et d’utilité (Pourtois, Desmet, Lahaye, 1993), les recherches collaboratives visent à répondre à des problèmes complexes (Barron 1997) dans des « champs de pratique », en rapprochant « les savoirs experts et les savoirs profanes » (Callon, Lascoumes, Barthe 2001) et en créant « un espace réflexif » et une « zone interprétative partagée » (Desgagné 1997). Elles viennent rappeler que toute production de connaissances est socialement et culturellement située. La dimension socio-politique est très présente dans ces recherches qui s’intéressent à des personnes peu reconnues dans leur identité. Dans une visée d’émancipation, elles cherchent à faire prendre conscience aux acteurs de leur place dans la structure du pouvoir, de leurs intérêts et de leurs besoins, en vue d’une conceptualisation collective de possibles alternatives. Dans le foisonnement des optiques des recherches participatives, nous souhaiterions expliciter le positionnement que nous avons retenu. Nous nous situons dans ce projet dans la lignée de la recherche action participative (participatory action research) telle qu’elle a pu être développée et conceptualisée par Nieuwenhuys (2014). A la manière d’Alison Jones (2004) nous pensons que la recherche n’est jamais apolitique et que certains enfants ou jeunes ont vécu des expériences qui les ont de fait politisés. Nous pensons que la domination ou l’oppression sociale ne trouve pas seulement son origine dans les conditions matérielles de vie mais aussi dans les conditions de production de connaissances. C’est donc seulement quand les personnes concernées pourront développer collectivement leurs propres connaissances que l’oppression pourra être remise en cause sur des bases durables. Il reste cependant que notre projet a pour visée principale l’investigation, l’enquête et le développement de nouvelles formes de connaissances tout en s’intéressant aux implications pratiques pour l’action.
Arrivée à la fin de la réalisation de notre recherche sur la transition à l’âge adulte après une mesure de protection de l’enfance, nous pensons que celui-ci peut participer tant au renouvellement des connaissances qu’à la construction de pratiques plus propices à l’accompagnement. Mais il peut également, au delà des résultats attendus, prendre une dimension performative, en participant à la construction d’une « communauté de destin » et d’une mobilisation collective de groupes en situation de vulnérabilité. Trois formes de renouvellement sont présentes dans ce projet. Une première forme de renouvellement réside dans l’association des premiers concernés à toutes les étapes de la recherche. Une seconde forme de renouvellement se situe dans l’articulation entre l’engagement biographique et l’intérêt collectif dans un double mouvement de transformations des questions singulières en réflexion collective et de convocation de la face intime des questions sociales. Une troisième forme de renouvellement se trouve dans l’immédiateté ou la synchronie (Klein 1997) entre le recueil, l’analyse et l’action. Cette méthode qui complexifie le travail de recherche questionne la participation de chacun des acteurs à une société réellement démocratique.
Mots clés :
Action collective, Participation, Conscientisation
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