MOLINA Yvette (France) – yvettemolina78@gmail.com
CARIGNAN Louise (Canada) – louise_carignan@uqac.ca
LYET Philippe (France) – philippe.lyet@askoria.eu

Le contexte de crise économique et sociale durable que traversent nos sociétés depuis les années 1980 a transformé les réponses publiques dans le secteur social. Parallèlement et au tournant des mêmes années, apparait pour ce champ et sur le plan international de nouvelles méthodes gestionnaires dans les administrations publiques et le secteur associatif emprunt du courant néolibéral (Fourdrignier, Molina, Tschopp 2014). La Nouvelle Gestion Publique (NGP) ainsi introduite dans les services sociaux et médico-sociaux, sous couvert de rationalisation des coûts et des moyens au nom de l’intérêt général, vient impacter directement les professions du travail social en termes de recomposition professionnelle tant du point de vue des activités au travail que des organisations (Molina 2014). En effet, ce mouvement se présente comme un processus qui traverse à la fois le champ de la formation, notamment avec l’introduction des référentiels de compétences (Carignan, Fourdrignier 2013) et les organisations sociales (Bellot, Bresson, Jetté 2013).
Le questionnement central que nous posons pour cette communication, consiste à interroger en quoi la NGP est venu impacter les professions du travail social dans ses formes d’intervention auprès des publics précarisés. Comment les organisations normalisent-elles, standardisent-elles les pratiques professionnelles ? Existe-t-il des marges d’autonomie professionnelle des travailleurs sociaux dans ce contexte de plus en plus normé et prescrit ? Quelles sont les résistances ou acceptations et adaptations des professionnels à cette NGP et selon quels paramètres ? Comment les professionnels se positionnent-ils face à la normalisation de la NGP pour garantir les conditions de leur intervention conforme à leur éthos professionnel ?
Nous nous proposons d’apporter des éléments de réponse à ce questionnement à la lumière des premiers résultats d’une recherche franco-québécoise en cours et organisée dans le cadre d’un partenariat entre le PREFAS Ile de France (le GRIF) et l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Le contexte de la recherche, son questionnement de départ et sa problématique centrale seront présentés ainsi que les premiers résultats issus de l’analyse d’un matériau empirique croisant des données du terrain québécois et français (une soixantaine d’entretiens semi-directifs menés en 2014).
La perspective comparative franco-québécoise permettra de dégager des similitudes mais aussi des variations dans la compréhension du phénomène social étudié en prenant en compte les deux contextes nationaux singuliers.

Intervention sociale et travail social, Norme, Gestion publique