Entre précarité sociale, santé mentale et judiciarisation: les situations-limites de l'intervention

Année : 2014

Thème : Étude de cas d'une équipe mobile urbaine au Québec

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

Namian Dahlia (Canada) – dahlia.namian@uottawa.ca
Tougas Kim (Canada) – ktoug088@uottawa.ca

Résumé :

Le constat de 1'accentuation, ces trois dernières décennies, des inégalités sociales dans les pays développés se confirme dans la plupart des grandes enquêtes publiques mondiales. Le fossé entre les riches et les pauvres s'est considérablement creusé, voyant le nombre de personnes vivant sous le seuil de .pauvreté s'accroître dans le trois quart des pays de l'OCDE, dont le Canada (OCDE, 2008). A côté des travailleurs pauvres et précaires qui peuplent une zone sociale instable entre l'inclusion et l'exclusion (la vulnérabilité), persiste et s'accroît la zone de désaffiliation, composée de personnes fortement fragilisées et marginalisées, exclues des principales structures sociales, culturelles et économiques (Castel, 2009). Cette zone a pris une place significative dans le contexte de la croissance urbaine sans précédent à laquelle on a assisté depuis les années 1980, rendant nettement plus visibles les personnes qui s'y inscrivent dans les espaces publics et souvent centralisés des milieux urbains. La ville constitue en effet un lieu condensé où les fortes disparités non seulement se posent de manière tangible et souvent perceptible, mais trouvent également une réponse davantage pratique que théorique dans la gestion quotidienne des « incivilités urbaines », qui touche plus spécifiquement les populations fortement désaffiliées et marginalisées. Au Canada, les interventions mises en œuvre auprès des populations urbaines fortement désaffiliées et marginalisées se sont déployées, au fil des trois dernières décennies, dans le cadre de réorganisations institutionnelles successives des systèmes de prise en charge. Malgré l'instauration progressive de programmes et services ciblant au plus près les problèmes et réalités spécifiques de ces populations, celles-ci ne s'inscrivent pas de manière nette dans les registres d'intervention du système de santé, de protection sociale ou de sécurité (Cunningham et al, 2006). Aux prises avec des difficultés souvent multiples et concomitantes, où s'entremêlent des problématiques de précarité sociale, de santé mentale et de judiciarisation, elles en appellent à des "situations-limites" de l'intervention: des situations qui mettent fortement, voire radicalement à l’épreuve les limites de l’intervention sociale possible, en questionnant les frontières disciplinaires (qui doit intervenir? Travailleur social, médecin, psychiatre, agent de la paix, etc?), et ses modalités d’action et d’institution (Comment intervenir et selon quelles finalités? réinsertion, soin, répression, etc?). Afin d'illustrer ces enjeux liés aux situations-limites de l'intervention, nous donnerons en exemple une recherche actuellement menée auprès d'une équipe mobile oeuvrant auprès de personnes sans-abri au Québec (Gatineau).


Mots clés :

Zone urbaine, Service de proximité, Exclusion, Équipe mobile urbaine Sans-abri

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