La pratique du soutien communautaire en logement social au Québec : une analyse des conditions de transfert d’une innovation sociale développée par les milieux associatifs

Année : 2014

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

JETTE Christian (Canada) – christian.jette@umontreal.ca
BERGERON-GAUDIN Jean-Vincent (Canada) – jvbgaudin@yahoo.ca

Résumé :

Le soutien communautaire en logement social est une pratique novatrice qui a été développée à la fin des années 1980 par la Fédération des organismes sans but lucratif d’habitation de Montréal (FOHM). Conçue à l’origine pour contrer le phénomène de l’itinérance, cette pratique vise essentiellement à garantir la stabilité résidentielle des personnes habitant dans un logement social en leur offrant un accompagnement directement dans leur milieu de vie. Cette pratique désigne ainsi un ensemble d’activités qui comprend entre autres l’accueil, la référence, la gestion des conflits entre les locataires, l’appui à la vie associative, l’intervention en situation crise et l’organisation communautaire. Après une période d’expérimentation, la FOHM a commencé au milieu des années 1990 à diffuser cette pratique, notamment auprès des organismes communautaires d’habitation dans certaines régions du Québec. Ces rapprochements ont mené, au tournant des années 2000, à la création du Réseau québécois des organismes sans but lucratif d’habitation (RQOH) qui a eu pour premier mandat de faire reconnaître le soutien communautaire en logement social par le gouvernement du Québec. Devant les pressions répétées du RQOH, le gouvernement a consenti en 2003 à mettre sur pied un comité réunissant des acteurs des milieux de l’habitation et de la santé et des services sociaux pour étendre la pratique à l’échelle provinciale. Les travaux de ce comité se sont échelonnés sur quatre ans et ont conduit en 2007 à l’adoption d’un cadre de référence accompagné d’une enveloppe budgétaire visant à permettre la généralisation de l’innovation à l’ensemble du territoire québécois. Les Agences régionales de santé et de services sociaux (institutions publiques) ont ensuite été interpelées pour mettre en œuvre ce cadre de référence et pour répartir les sommes entre les différents organismes d’habitation sur leur territoire. Cette communication propose d’analyser en détail ce processus de transfert et d’institutionnalisation et de mettre en relief, d’une part, les diverses configurations prises par ce transfert selon les régions à partir d’un certain nombre de critères (processus démocratique, respect de la pratique initiale, fonds investis, etc.) et, d’autre part, d’identifier les éléments ayant facilité ou, au contraire, ayant freiné le processus de transfert et d’institutionnalisation de cette pratique innovante. Notre analyse s’appuie sur un corpus de 21 entretiens individuels semi-dirigés réalisés avec des acteurs qui ont été impliqués soit dans la conception du cadre de référence, soit dans son implantation. Ce corpus nous permet de suivre avec précision le transfert de la pratique du soutien communautaire en logement social dans huit régions du Québec. Nos résultats montrent que les scénarios de transfert au plan régional sont très variés, mais que certaines obstacles sont communs, notamment la faible connaissance du milieu de la santé et des services sociaux par rapport au secteur de l’habitation, les tensions politiques entre les différentes filières du logement social (milieu communautaire versus secteur public), l’insuffisance des fonds investis, et le manque de suivi à la suite de l’application du cadre de référence. Nous utiliserons finalement ces résultats pour tirer certains constats quant aux conditions permettant le transfert et l’institutionnalisation des pratiques novatrices du milieu communautaire (associatif) vers le secteur public.

Mots clés :

Tiers secteur, Action alternative, Action communautaire

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