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Quand l’art et la création fabrique de l’inclusion sociale : regard sur la pratique l’École nationale d’apprentissage par la marionnette (ÉNAM)

Année : 2014

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

DUBE Marcelle (Canada) – marcelle_dube@uqac.ca

Résumé :

Enracinée dans la conviction et dans une pratique où l’art et la création collective détiennent le pouvoir de générer des impacts individuels et sociaux, l’« approche globale » adoptée par l’ÉNAM utilise une stratégie complexe de création/intervention qui s’ancre dans quatre axes d’action diversifiés : un axe santé (mieux-être), un axe culture (art et création), un axe éducation (formation) et un axe travail (intégration). Ces axes se retrouvent agencés de façon à produire une intervention originale, cohérente et unifiée, mais dont les buts sont variés : favoriser un meilleur équilibre et un mieux-être, une intégration sociale, des apprentissages formels et informels et une appropriation de l’art et de la culture. Depuis 1990, l’ÉNAM offre à une cinquantaine de participant/e/s adultes souffrant de divers problèmes de santé mentale, l’opportunité de cocréer un spectacle de marionnettes et d’autres activités artistiques. Au cœur de ce projet de médiation culturelle, la diversité et les différences présentes au sein de l’équipe, dans les partenariats, et chez les participant/e/s s’amalgament sous des formes et des représentations du « vivre ensemble » assez étonnantes et inspirantes (Lafortune 2012, Fontan 2007, Santerre 2000, Beillerot 2000, Caune 2000 et 1999). Créer et jouer ensemble conduit directement à sortir des stigmates associés à la maladie mentale pour miser sur les potentiels que chacun/e des participant/e/s a à offrir en regard de l’imagination et de la création de sketches où, l’écriture, la confection, la gestuelle et la prestation scénique sont au rendez-vous.

La réalisation d’une recherche évaluative participative menée avec ce groupe pendant plus de 2 ans nous a donné à voir et à comprendre les multiples facettes du travail de groupe qui s’y réalise, les dynamiques qu’il fabrique et l’esprit qui préside dans les activités (Hamel 1997, Jacob 2012).

Dans cette communication, nous nous interrogerons sur la complexité de l’expertise et des registres d’intervention nécessaire au projet de l’ÉNAM. Quel type d’équipe peut assurer la réalisation d’un tel projet ? Quelles expériences personnelles et professionnelles doit-on réunir ? Quelles places donner aux diverses philosophies d’intervention (art communautaire, art thérapie, intervention psychosociale propre à l’alternative en santé mentale) ? Comment assurer la cohérence dans l’équipe et le développement d’une expertise collective forgée dans l’action ? Enfin, comment justifier et faire comprendre cette approche auprès de milieux différents (art, éducation, santé et services sociaux, employabilité, milieu communautaire, etc.) ?

Bref nous souhaitons ici réfléchir aux enjeux que suscite l’approche de médiation culturelle telle que proposée par l’ÉNAM dans la lutte contre l’exclusion et la marginalisation sociales et dans le possible développement de nouveaux savoirs dans le champ de l’intervention sociale, donnant ainsi à voir, dans cette expérience, un « lieu où il fait bon de vivre » (Mannoni 1970).

Mots clés :

Santé mentale, Autonomie, Approche globale, pratique artistique co-création inclusion sociale

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