Le travail social à l’épreuve de la NGP : entre stratégies de résistances et réaménagements des parcours professionnels et des expériences identitaires des travailleurs sociaux au Québec

Année : 2014

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

Marchand Isabelle (Canada) – isabelle.marchand@umontreal.ca
PULLEN SANSFACON Annie (Canada) – a.pullen.sansfacon@umontreal.ca

Résumé :

Le travail social au Québec, comme ailleurs en Occident, est en constante mouvance. En particulier, les transformations dans l’organisation des services ont une forte influence sur les réalités de pratique des travailleurs sociaux, lesquels voient leurs rôles de plus en plus circonscrits (Mayer 2002; Carpenter et Platt, 1997). Récemment, le Ministre de la Santé et des services sociaux annonçait une (autre) importante réforme avec son projet de loi 10, soit la Loi modifiant l’organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux notamment par l’abolition des agences régionales. Considérant la tendance d’ores et déjà présente de rationalisation de l’offre de services et des modalités de gestion afin de réduire les coûts du système public, les tâches et les rôles des travailleurs sociaux risquent d’en être affectés à divers degrés. S’inspirant ainsi des logiques et modes de gestion managériale du secteur privé (Klezt, 2014), la « Nouvelle gestion publique » (NGP) édulcore, voire même contrevient aux orientations, aux principes et aux valeurs du travail social (OTSTCFQ, 2012), risquant ainsi de remettre en question l’identité professionnelle des travailleurs sociaux (Hotho, 2008).

Dans le cadre de communication, nous nous intéresserons au sens et aux significations du travail social de « jeunes » travailleurs sociaux québécois ainsi qu’aux stratégies de résistance déployées au regard de la NGP. Plus précisément, nous nous chercherons à comprendre si et comment le milieu de travail et les pratiques d’intervention s’inscrivent en cohérence ou, au contraire, en décalage avec la vision du travail social d’intervenants, issus de divers horizons. Sommes-nous en présence de logiques antagoniques entre les principes et valeurs du travail social et les approches de gestion préconisées par les milieux de travail dans lesquels œuvrent les travailleurs sociaux interrogés ? Le cas échéant, de quelle façon est négocié le décalage ou la dissonance entre, d’une part, un cadre référentiel guidant la pratique du travail social et, d’autre part, sa mise en œuvre au quotidien dans les milieux organisationnels ? Au final, quels réaménagements (discursifs ou pratiques) cette négociation entre les impératifs gestionnaires du système public et idéel du travail social occasionne-t-elle dans les parcours professionnels et expériences identitaires des travailleurs sociaux ?

Nous répondrons à ces questions à partir d'une analyse secondaire des résultats issus d'un projet de recherche portant sur l’identité professionnelle des travailleurs sociaux . Utilisant une approche qualitative longitudinale s'étalant sur trois ans, les participants ont été rencontrés à trois reprises, permettant ainsi d'explorer les moments clé du développement professionnel, de la formation à la pratique: T0, c'est à dire à la fin de leur formation universitaire, T1 + 6 mois, une fois sur le marché de l'emploi, et T2 + 18 mois. Le nombre de participants rencontrés pour les trois vagues de collectes de données sont respectivement 13, 8 et 6. Ces participants ont gradués de trois universités de la grande région de Montréal. Les participants ont été ciblés dans une logique d’échantillonnage théorique (Paillé, 1994), et ce, dans un souci de diversification des profils (sexe, âge, expérience). Enfin, inspirée de la théorie ancrée (Glaser et Strauss, 1967), une analyse verticale et horizontale des données a été faite, en utilisant le codage ouvert, le codage axial et la comparaison constante entre les données brutes et l’élaboration de catégories conceptuelles (Guillemette et Lapointe, 2012).

Mots clés :

Intervention sociale et travail social, Politique publique, Secteur public, Secteur informel, communautaire

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