Du bon usage du projet dans le travail social au Maroc : la part des obstacles culturels ?
Année : 2014
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
HAJJI Nabil (France) – n.hajji@ites-formation.com
LEMLIGUI Ahmed (France) – ahmed.lemligui@irts-bretagne.fr
Résumé :
Nos expériences de formations ou d’enseignements, d’organisation de manifestations tels que des colloques et congrès en lien avec des acteurs de l’action socio-éducative et de la recherche au Maroc depuis une dizaine d’année (1) a fait émerger des interrogations sur le rapport qu’établissent ces acteurs avec la notion du projet, dans ce champ, et de sa mise en œuvre. Ainsi lors des formations que nous avons pu mettre en place au sein des structures de prise en charge de populations en difficultés ou dans certaines universités marocaines, nous avons pu observer une tendance à ne pas inscrire les actions dans une logique de projet ou à ne pas respecter les étapes qui scandent ce processus. Nos observations ont été rejointes par des réflexions faites par des collègues qui prenaient part au processus (2) ou à partir d’échanges avec des professionnels au moment des différents congrès de l’AIFRIS auxquels nous avons contribué.
Conscients que les réalités sociales ne peuvent être que complexes, nous avons parallèlement interrogé les étudiants de nos instituts qui réalisent des stages dans ce pays à propos du recours au projet dans les actions mises en place. Une réponse assez récurrente remontait laissant penser que ces difficultés s’originent dans les pratiques culturelles qui freinent le développement d’une logique de projection. Tout se passe dans les discours comme si une culture de la fatalité, de la résignation empêcheraient de réussir à construire des actions structurées aboutissant à des résultats. Partant de ces constats, un questionnement a émergé chez nous : les concepts et méthodes du projet en travail social sont-ils universels ? Peut-on recenser dans la culture marocaine des obstacles culturels à leur mise en place ? Si tel n’est pas le cas, peut-on repérer d’autres raisons objectives aux dysfonctionnements que nous avons observés ou dont font état de nombreux professionnels ou stagiaires avec qui nous nous sommes ouverts sur ce sujet ?
Afin de répondre à ces questions, nous avons opté pour une démarche qualitative à travers laquelle nous avons pu interroger une quinzaine de professionnels œuvrant dans le cadre de la protection de l’enfance et la prise en charge des personnes en situation du handicap au Maroc ou des enseignants/formateurs de travailleurs sociaux locaux. Ces données ont été complétées par une analyse des observations que nous avons pu recueillir lors de nos différentes interventions en référence à la méthode action-recherche. Conscients au fur et à mesure qu’il y avait en l’espèce un nœud à tenter de défaire dans le but de savoir si l’ancrage culturel pouvait donner un sens à ces difficultés à s’appuyer sur une méthode dans le cadre de conduite de projets et d’accompagnement des personnes prises en charge, nous nous sommes mis en quête d’analyser comment les pouvoirs publics se mobilisent dans le sens de la structuration du travail social notamment en lui affectant des moyens et une politique ciblée(3) . Dans cet esprit, nous nous sommes attelés notamment à mesurer l’impact de l’Initiative de développement humain sur le lancement d’une dynamique d’inscription dans une logique de projet en mobilisant des moyens à l’intérieur du pays mais aussi les apports étrangers.
1. Lemligui Ahmed, Mise en place de formation en travail social en Afrique : espace d’ajustements interculturel, in Transnationalités et développement : rôle de l’interculturel, Paris, Editions l’Harmattan, 2010.
2. Parmi ces partenaires on peut citer l’ISLV Institut social de Lille Vauban, Médecins du Monde, Les Orphelins d’Auteuil, l’IBEP à Brest, Labour An Ti au Relecq-Kerhuon, Maison Familiale rurale Iroise à saint Renan, etc.
3. Des moyens humains, financiers mobilisés et des dispositifs sont mis en place dans le but de former des professionnels de l’action sociale, notamment le projet de formation de 10 000 travailleurs sociaux.
Mots clés :
Projet pilote, Interculturel, Formation, Analyse, concept projet
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