Enseigner le travail social en ligne à des communautés autochtones : mission impossible? Réflexion entourant la mise en place d’un projet pilote à l’Université du Québec à Chicoutimi.
Année : 2014
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
POULIOT Eve (Canada) – eve_pouliot@uqac.ca
ROCHELEAU JOHANNE (Canada) – johanne.rocheleau@cgocable.ca
Résumé :
À l’automne 2014, le Centre des Premières Nations Nikanite (CPNN), en partenariat avec l'Unité d'enseignement en travail social de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), a expérimenté un projet pilote visant à offrir un cours en ligne destiné à sa clientèle autochtone. Ce projet émanait d'une réflexion amorcée par le CPNN concernant les avantages de cette formule pédagogique pour les étudiants résidant dans leurs communautés et qui souhaitaient développer des compétences professionnelles en intervention sociale. Malgré sa pertinence et les besoins pressants des communautés visées, le projet impliquait de relever des défis importants pour la formation du travail social.
-Le cours devait être diffusé en français, qui est souvent la deuxième ou la troisième langue des étudiants inscrits.
-Les étudiants étaient répartis géographiquement partout au Québec, alors que les services et l’équipement informatique, les réseaux et la bande passante variaient d’un endroit à l’autre.
-Les niveaux d’expérience des étudiants, aussi bien dans le domaine du travail social que dans l’utilisation des technologies, variaient considérablement.
-Les étudiants n’étaient pas disponibles en même temps pour recevoir la formation et échanger.
-Les besoins en intervention sociale étaient énormes et les communautés s’attendaient à ce que des professionnels de la relation d’aide soient formés rapidement.
-Étant donné que le cours devait aider à développer des compétences dans un contexte de relation d’aide, les étudiants devaient être en mesure d’accroître non seulement leur « savoir », mais aussi leur « savoir-faire », leur « savoir-être » et leur « savoir-agir ».
Afin de relever ces nombreux défis, l’activité universitaire « Déviance sociale et dépendances » a été adaptée pour être offerte en ligne sur la plate-forme Moodle de l’UQAC. Adoptant une approche socioconstructiviste de l’apprentissage, cette activité s’inscrivait dans une approche de cognition située utilisant une métaphore (l’Avenue des Pulsions) visant à renforcer des liens et à rendre les contenus intéressants, vivants et plus faciles à mémoriser. L'approche de la classe inversée a aussi été privilégiée. La classe inversée implique que les étudiants se familiarisent avec les contenus et développent des compétences avant les rencontres hebdomadaires, pour ensuite réfléchir à leurs apprentissages et aux méthodes pédagogiques dont ils ont fait l’expérience. Cette activité universitaire combinait aussi d’autres approches pédagogiques, telles que l'approche du récit (storytelling), la modélisation des connaissances et de multiples activités collaboratives, métacognitives et individuelles. Elle regroupait 13 études de cas, qui impliquaient des personnages qui vivent et se côtoient sur l’Avenue des Pulsions.
Le but de cette communication est de présenter une réflexion critique sur l’élaboration et la mise en œuvre de ce projet de formation en ligne en travail social. Tout d’abord, les méthodes pédagogiques privilégiées dans le cadre de ce projet pilote seront présentées et leur articulation sera démontrée. Dans un deuxième temps, les retombées positives et négatives du projet seront discutées et feront l’objet d’échanges avec les participants. Ces retombées seront évaluées à la lumière du point de vue de différents acteurs qui ont eu un rôle important à jouer dans le projet, tant en ce qui concerne l’équipe pédagogique que les étudiants eux-mêmes.
Mots clés :
E-learning, Formation à distance, Communauté
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