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CAR MARYLENE (France) – marylene.car@askoria.eu

En 2014, sur sept séances espacées de un mois environ, sept assistantes de service social en hôpital ont participé à une « formation action » sur l’Intervention Sociale d’Intérêt Collectif.
Elles ont échangé sur ce qu’elles voyaient dans leur pratique quotidienne et qui ne trouvait pas réponse. Elles ont repéré deux thématiques centrales :
-S’il a semblé que la question du budget, facteur de mal être, était bien cernée et pouvait générer un projet de travail social avec les groupes où la question de la place des personnes serait centrale. De ce fait, le projet a suivi une logique de construction très emprunte des notions d’empowerment et de mutualisation des savoir-faire. Une « mallette andragogique » a donc été construite et les séances construites au gré des envies et potentialités du groupe.
-La question de l’isolement social est apparue comme récurrente lors d’échanges sur des situations de personnes accompagnées par des ASS.
Cet isolement social vécu souvent avec souffrance peut aussi être à certaines périodes de la vie et de la maladie psychique (6 des 7 ASS travaillent en hôpital spécialisé), revendiqué comme une nécessité voire une condition d’équilibre.
Il ne s’agit donc pas, de cibler des personnes isolées forcément « à mettre en lien » mais d’analyser avec elles les potentiels et envies autour de cette question.
Les ASS peuvent être passeuses de liens mais leur intervention se cogne aux représentations sociales, aux conditions de mise en œuvre de ces liens, aux frontières institutionnelles qui sur ces questions ne sont pas assez perméables.
La démarche communautaire nous a paru la plus adaptée car : -L’isolement social n’est pas l’apanage des personnes concernées par la maladie mentale ou par le vieillissement. Le travailler « en interne » viendrait développer des stigmates déjà présents autour des publics soignés. -Si les ASS de l’hôpital ont toute légitimité à s’y intéresser, elles ne peuvent se poser seules actrices d’une résolution d’une question qui les concerne et les dépasse à la fois. Le lien social est, par définition l’affaire de tous. -Une des causes repérées par les ASS touche aux représentations sociales et le meilleur moyen de les faire évoluer est de travailler à une ouverture des patients sur le monde et du monde vers les patients et non de travailler avec des patients, entre eux. -L’environnement concret des patients est parfois un frein à l’ouverture et à la rencontre : conditions d’hébergement précaire, logement dégradé…les ASS proposent de partir de ce problème, en mutualisant des savoir-faire et des moyens, entre personnes malades, d’autres qui ne le sont pas, des associations, des institutions…et toutes les personnes qui s’inscriraient dans la démarche pour créer des liens.
C’est pourquoi elles ont commencé des rencontres ayant pour objectifs de repérer les personnes ressources avec lesquelles elles souhaitent développer une réflexion sur le sujet sans savoir encore précisément ce que cela donnerait. L’idée était de développer des liens, de mieux connaitre les organisations, contraintes et potentiels des partenaires. Les patients ont aussi été regardés du point de vue des potentiels et des savoirs. Les ASS se sont inscrites progressivement dans une démarche où
les projets ne prévoient ni bénéficiaire, ni un service rendu de plus, mais une co-construction qui développe des relations différentes, plus valorisantes pour tous.
La démarche communautaire est ici une occasion d’ouverture, de mobilisation mais se cogne à des logiques comme : la répartition des missions et moyens par public et/ou problématique ou encore celle de l’appel à projet.
Nous souhaitons présenter cette expérience, professionnelles engagées dans la formation et formatrice car cette « formation action » ouvre des perspectives aux professionnels comme aux patients, mais soulève aussi des questions essentielles sur la formation des professionnels en poste.

Formation, Partenariat, Action communautaire