Quelles perspectives pour l’ESS en période de déflation ?
Année : 2014
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
EDME Stéphane (France)
Résumé :
Si la crise financière de 2008 a été un détonateur à l’éclosion de services et d'actions appartenant à l’Économie Sociale et Solidaire, cet événement ne peut à lui seul recouvrir une réalité toute aussi mobilisatrice, celle d’un découplage fondamental entre l’économique et le social. Cette réalité s’est progressivement imposée depuis le début des années 1980 avec d’abord la remise en cause du compromis keynésien au cœur du tissu social de cette période et d’autre part la montée en puissance de l’idéologie puis des actions néo-libérales destinées à libérer les marchés des « emprises » de l’Etat. Quel Bilan sommes nous tentés de faire à propos de cette séquence libérale? Qu’est-ce-que nous donne à voir et à comprendre le découplage de l’économique et du social ? Et dés lors, vers quelles directions orienter nos recherches à propos de l’ESS?
Depuis trente ans, l’action et l’idéologie libérales ont marqué de leurs empreintes l’économique en faisant de cette dernière une discipline scientifique a priori digne de ce nom. Nonobstant cette dichotomie l’action sociale s’est développée. Elle est devenue toute aussi prégnante pour former le gros des effectifs de l’ESS. Chassé par la porte par l’économique ; le social n’a tôt fait de rentrer par la fenêtre de notre société!
Un tel paysage appelle aujourd’hui une réflexion de fonds et c’est à cet endroit que nous souhaiterions apporter notre contribution. En effet, si le social n’a eu de cesse de se développer dans un contexte d’innovations technologiques et sociales la part de l’économique dans ces évolutions demeure importante mais non exclusive.
A partir d’une recherche conduite au sein d’un centre de formation et d’enquêtes menées dans la région Rhône Alpes et au Québec notre contribution s’attachera à identifier la nature de travail réalisée par des intervenantes à domicile auprès de personnes souffrants d’handicap. Certains témoignages mettent en relief qu’entre le travail prescrit et le travail relationnel les deux dimensions attendues par les usagers et leurs entourages sont parfois déséquilibrées mais toujours recherchées. Dès lors si l’évaluation du temps de travail prescrit autorise une quantification relativement fiable il n’en est pas de même pour le travail relationnel. Pour dire le moins l’appréciation du travail relationnel représente une réalité encore diversement appréhendée et identifiée autant par les équipes d’encadrants que par les familles d’usagers comme l’évoque DEVETTER, CATRICE et TRIBAUT « Dans ce métier aux contours flous et où prime l’idiosyncrasie de la relation de service, la mobilisation de compétences variées nécessite sans doute certaines formes de mise à l’épreuve avec évaluation sur le tas, qui justifient, aux yeux des employeurs, de si longue périodes d’essai ».
L’objet de notre contribution serait donc de sortir du modèle idiosyncratique dominant afin de proposer les résultats d’une recherche destinés à pousser plus avant les ressorts théoriques du modèle de communication proposé par Gregory BATESON...
Pour autant et comme le souligne Benoît LEVESQUE et Gilles L. BOURQUE « La reconnaissance de la dimension sociale et plurielle de l’économie, telle que le réalise l’ESS, suppose un fonctionnement démocratique, non seulement une démocratie représentative et une démocratie participative, mais aussi une démocratie délibérative transversale aux deux premières ». Ce que révèle la transition que nous sommes en train de vivre, en cette période où les tensions déflationnistes se font plus vives, met en valeur non seulement des enjeux économiques à travers la reconnaissance du travail non-prescrit d’activités inhérentes à l’ESS mais que les conditions de celle-ci repose aussi sur un ensemble déterminant de variables démocratique, politique et culturelle.
Mots clés :
Economie sociale et solidaire, Service de proximité, Le travail de care
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