Les défis pour l’intervention sociale au Portugal
Année : 2014
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
JERÓNIMO BARBOSA (Portugal)
Résumé :
Ce travail aborde la genèse économique, politique et sociale de l’augmentation de la précarité du travail au Portugal. Afin de présenter un pays profondément affecté par le développement de la crise économique et financière de 2008, je vais me pencher sur trois indicateurs de la précarité du travail ainsi que sur leur variation : le pourcentage de travailleurs ayant des contrats à durée déterminée ; le pourcentage de travailleurs contraints à accepter un contrat à durée déterminée (travailleurs qui voudraient bénéficier d’un autre type de contrat), le pourcentage de travailleurs qui travaillent involontairement à temps partiel (qui désireraient travailler plus d’heures).
Associée à l’augmentation de ces trois phénomènes dans notre pays, la croissance du chômage a été intensifiée par les mesures d’austérité appliquées après la signature du Plan de la Troika (célébré entre le gouvernement portugais dirigé par José Socrates et la Troika – BCE, Commission Européenne et FMI). Dans la mesure où le chômage est un phénomène qui contribue à la multiplication des précarités, il est indispensable d’analyser son évolution au cours des dernières années et d’en souligner 3 caractéristiques alarmantes : le taux de chômage extrêmement élevé des jeunes, les hauts niveaux de chômage de longue durée (affectant spécialement les membres des groupes d’âge plus élevés) et le recul croissant de la protection sociale des chômeurs.
Une fois conclue l’analyse des phénomènes économiques qui sont à l’origine de la multiplication des précarités, je procéderai à celle des causes politiques et sociales grâce à une caractérisation succincte de l’évolution du pays après le 25 Avril 1974. Portugal n’a pas été épargné par la croissante acceptation internationale des principes néo-libérauxet monétaristes qui s’est vérifiée après la crise des années 70. Cette acceptation a impliqué la flexibilisation du marché du travail comme stratégie qui favorise l’efficience économique, la compétitivité et la productivité. Sous le prétexte qu’il était éthiquement et économiquement responsable d’exiger sans cesse de nouveaux sacrifices aux travailleurs pour que les entreprises des pays industrialisés puissent sauvegarder leur compétitivité dans le cadre d’un marché de plus en plus concurrentiel et globalisé, les entreprises de travail temporaire (ETT) ont été légalisées, gtandis que le recours des entreprises portugaises aux travailleurs précaires s’est banalisé. Dans la mesure où il est impossible de comprendre l’état actuel de la société et de l’économie nationales sans mentionner le plan de la Troika, il sera essentiel d’expliquer les motifs qui obligèrent le pays à demander à la Troika un sauvetage financier.
J’analyserai ensuite l’impact des précarités dans la vie des travailleurs temporaires, afin de montrer leurs effets négatifs sur leur bien-être subjectif. Je me centrerai de façon plus détaillée sur les impacts de la précarité sur la santé, le niveau de vie et l’éducation des individus. Pour ce faire, j’introduirai dans ce travail le témoignage personnel d’une travailleuse indépendante contrainte, afin de sensibiliser le lecteur au sujet des effets de déstructuration de la vie personnelle et familiale du travail précaire.
Finalement, dans la mesure où ce phénomène lance également un défi aux entreprises utilisatrices de travailleurs temporaires (EUTT), je présenterai un certain nombre de stratégies bénéfiques aussi bien pour les travailleurs que pour les entreprises et la gestion de la main d’œuvre, notamment l’accueil et l’intégration des travailleurs temporaires sur les postes de travail, la promotion de l’emploi et la protection sociale des TT, ainsi que des solutions de flexibilité qui ne passent pas par la précarité du travail.
L’objectif est de contrôler les effets préjudiciels de la précarité, tout en réaffirmant le rôle de l’entreprise en tant que détentrice d’une responsabilité sociale accrue sur ses ressources humaines et leur bien-être.
Mots clés :
Question sociale, Equité sociale, Crise économique, Travail temporaire, austérité, travailleurs permanentes, précarité, crise, chômage
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