Le placement permanent en protection de l'enfance est une réalité mais son inexistence légale précarise les liens d'appartenance des enfants placés.
Année : 2015
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
FABRY Philippe (France) – philippefabry@live.fr
Résumé :
Après une expérience de vingt-cinq années en tant qu'éducateur spécialisé dans le champ de la protection de l'enfance, je suis depuis douze années formateurs d'éducateurs spécialisé.
J'ai donc été impliqué directement dans un grand nombre de situations (pour certaines d'entre elles j'ai un recul d'une vingtaine d'années) et aussi indirectement, via l'analyse des situations rapportées par les étudiants en formation. J'utilise aussi un voyage d'étude annuel pour comparer les politiques et les pratiques nationales et régionales de protection de l'enfance (voir à ce sujet les articles en bibliographie).
Il a fallu ce recul et ces comparaisons pour que je prenne conscience de spécificités de l'organisation françaises de la protection de l'enfance. Ces constats sont à la base de ma recherche doctorale.
Constats : En France, le placement en tant que mesure provisoire de protection n'a pas de limite temporelle. Le provisoire peut durer vingt et un ans. Dans le reste de l'occident le placement des enfants (c’est différent pour les adolescents) ne dure que le temps d'un travail d'orientation pour définir un projet de vie, qui correspond à une alternative : soit (le plus souvent) préparer une réunification familiale ; soit confier l'enfant à un milieu substitutif qui est alors d'abord recherché dans le premier cercle familial puis dans la communauté. Il est alors clair que cet accueil a une dimension adoptive. Cette dimension prend des formes différentes selon les cultures (adoption substitutive ou pluri-parentalité).
Problématique : En France, le caractère légal et administratif des placements est ambigu. En dépit du fait que de nombreux enfants grandissent, pendant des années, dans un accueil qu’eux et leur famille d’accueil voient comme permanent, l’accueil familial est défini légalement et administré comme s’il était temporaire. (cf.June Thoburn )
A partir de la théorie de l'attachement je montrerai que trois éléments sont indicateurs d'un placement permanent : un placement précoce (enfants de moins de six ans), une présence discontinue des parents, l'absence de projet de réunification familiale.
Une triple précarisation.
Je souhaite montrer dans cet exposé une première précarisation, celle des liens d'accueil, pris dans une contradiction entre la situation d’accueil permanent, productrice d'adoption affective et le salariat de l'assistant(e) familial(e) qui a une visée anti-adoptive.
La deuxième précarité concerne le déni légal des situations dans lesquelles il y a nécessité non d'une suppléance familiale (Paul Durning) mais d'une substitution face à des parents qui n'arrivent pas à prendre une place suffisamment significative dans le quotidien de leur enfant. L'insuffisance de dialogue, de partage avec les parents, la méconnaissance de leur histoire, de leur vie, créée un déficit de capital biographique (Pascale Jamoulle). Ce déficit risque d'être aggravé si l'enfant ne peut suffisamment appartenir à la famille d'accueil.
Cette situation pose aussi la question du soutien de la parentalité, elle même précarisée par la situation de placement. Je suis frappé par la très grande inégalité des moyens mis en œuvre en France à ce sujet.
Je présenterai cinq outils utilisés en Belgique francophone dans les services de placement familiaux pour à la fois soutenir la parentalité pendant le placement et l'appropriation par l'enfant de son histoire, la valorisation de ses liens (voir à ce sujet l'article dans la bibliographie « Placement familial, une comparaison France Belgique ».)
Mots clés :
Intervention sociale et travail social, Institution, Culture professionnelle, Placement familial
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